Prisons : Le cellulaire bientôt en cellule ?

Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan prend position pour l’introduction du portable en prison.

Jean-Claude Renard  • 24 juillet 2014 abonnés
Prisons : Le cellulaire bientôt en cellule ?
© Photo : AFP PHOTO / ROMAIN PERROCHEAU

Elle n’a pas perdu son temps pour s’exprimer. Succédant à Jean-Marie Delarue, jeudi 17 juillet, au poste de Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan s’est prononcée pour une mesure qui devrait faire débat : l’autorisation du téléphone portable en prison, sous certaines conditions. Une utilisation qui se limiterait à quelques numéros, mais d’une importance capitale pour « le maintien des liens familiaux ». En cela, Adeline Hazan reprend les idées émises par son prédécesseur, lui aussi favorable à cette introduction, sachant combien la détention réduit les liens avec les proches au seul parloir, combien l’isolement désocialise et détruit psychiquement les détenus. Sur France Inter, Adeline Hazan a insisté sur sa ligne de mire : « Faire en sorte que les détenus ne coupent pas les ponts avec leur environnement », ce qui demeure, en soi, un autre moyen « de préparer dans de meilleures conditions leur sortie et donc de prévenir les risques de récidive. » On observe qu’elle s’aligne là sur les positions de Christiane Taubira, dont la réforme pénale est principalement concentrée sur la lutte contre la récidive.

Aujourd’hui, au motif de la sécurité, le téléphone portable est interdit en prison. Les détenus ont seulement accès à un téléphone fixe (un appareil par cour de promenade), à certains horaires très aléatoires, pour une durée limitée, au bon vouloir de l’administration pénitentiaire. Il n’en reste pas moins que le portable est largement introduit, clandestinement, dans les cellules (les combines sont nombreuses et ingénieuses). On en compterait un pour quatre détenus en moyenne. Aux Baumettes, pas moins de 900 appareils sont confisqués chaque année. Raison de plus, selon Adeline Hazan, pour dire combien cette interdiction « ne sert pas à grand-chose » et pour imaginer un dispositif de sécurité et de contrôle permettant des appels sur des numéros « autorisés », avec « un cadre et une limite très stricts ». Du côté de l’administration pénitentiaire et des syndicats, on argue que limiter les portables à quelques numéros est difficile à mettre en place techniquement. Prétexte fallacieux s’il en est. En attendant, l’ancienne maire PS de Reims, et auparavant juge d’application des peines, puis juge des enfants, ex-présidente du Syndicat de la magistrature, a posé les bases de son travail : prévenir la récidive et « réduire le nombre de détenus ».

Société Police / Justice
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