Un week-end à Cerisy (À flux détendu)
Tous les poètes sont morts ou écrivent des chansons ? Nenni. Il y a, entre autres, Christian Prigent.
dans l’hebdo N° 1311 Acheter ce numéro
Et s’il n’y avait pas mieux à faire que de se retirer dans un château le week-end ? Pas n’importe lequel. Le château de Cerisy-la-Salle (Manche), superbe bâtiment du XVIIe siècle, où se déroulent depuis des lustres d’illustres « rencontres culturelles et scientifiques ». Certains se souviennent peut-être des petits 10/18, aujourd’hui collectors et défraîchis, qui en publiaient les actes, aussi bien sur le surréalisme, Barthes ou « le discours utopique ».
J’ai donc passé mon week-end à Cerisy, invité à participer à un colloque. Son sujet ? Un poète. Tous les poètes sont morts ou écrivent des chansons ? Nenni. Il y a, entre autres, Christian Prigent, qui fut mêlé aux avant-gardes littéraires (indissociablement politiques), avec la revue TXT dont il fut l’un des cofondateurs, et qui poursuit aujourd’hui une œuvre active et gaiement mal polie. Prigent était présent tout au long de la semaine qu’a duré le colloque, entouré de confrères poètes, d’artistes et d’universitaires. Tous se sont relayés à la tribune pour tenter d’éclairer comment Christian Prigent s’y prend pour « trou(v)er sa langue », intitulé général des débats. Mais on eut aussi des lectures (de Jean-Marc Bourg, et de Prigent lui-même, grand praticien de l’oralité), et des représentations théâtrales enchantées (par Vanda Benes).
Mon week-end fut revigorant. Entre des considérations sur « la matière syllabique » ou sur « le contemporain de Christian Prigent », on entendit des exposés aux titres éloquents : « Les popottes à Cricri », « Porno-Prigent (ou la langue à la chatte) » … L’auteur de Grand-mère Quéquette n’a-t-il pas donné l’exemple ? À la pensée en marche, très souvent généreuse, se sont ajoutés nombre d’éclats de rire, à la riche tessiture, entre ironie inquiète et joyeux calembours. L’expérimentation formelle ne signifie pas tristes sires, l’exigence de la réflexion non plus. Heureux château de Cerisy !
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