Vaches enragées pour la Conf’
Le syndicat paysan est poursuivi en justice pour sa lutte contre le projet de ferme-usine de la Somme.
dans l’hebdo N° 1310 Acheter ce numéro
Neuf militants de la Confédération paysanne devaient comparaître le mardi 1er juillet devant le tribunal d’Amiens. Le procès a finalement été reporté au 28 octobre. Ils sont accusés d’avoir démonté des engins de chantier et une salle de traite pour protester contre le projet de ferme-usine des 1 000 vaches, à Drucat-le-Plessiel, dans la Somme. Pour la Confédération, « la ferme des 1 000 vaches est le symbole de la [folie productiviste] ». La ferme devrait produire 9 millions de litres de lait par an, ce qui permettrait d’en abaisser le prix à 250 euros la tonne, alors que les éleveurs s’en sortent difficilement à 350 euros. Les responsables de la Conf’ estiment que cette surproduction organisée met en péril la profession. Dans un texte-pétition, ils disent avoir pris leurs responsabilités « en allant par trois fois sur le chantier ». « Le risque était grand, écrivent-ils, de se retrouver devant un juge, mais que signifie ce risque face à celui de [la] disparition [des agriculteurs] ? » .
La ferme ne constitue pas seulement une concurrence déloyale pour les éleveurs de la région, elle cumule les périls sanitaires et environnementaux. La concentration des bêtes provoquera épidémies et contagions, nécessitant le recours à une impressionnante pharmacopée, et l’écoulement des déchets menacera la nappe phréatique. Le pire est que le projet se pare de vertus écologiques parce qu’il est associé à un méthaniseur qui doit transformer les déjections animales en électricité revendue à EDF. De l’avis des experts, cette production d’énergie, lucrative, est la principale motivation de ce projet. Un tel projet n’a pu recevoir les autorisations nécessaires que grâce à l’entregent du promoteur, l’industriel du BTP Michel Ramery, champion des appels d’offres remportés dans la Somme. On le dit très proche des élus PS des communes où s’installe l’exploitation. Un procès, donc, éminemment politique.