La lettre de Filippetti (À flux détendu)

Elle est belle, la lettre qu’Aurélie Filippetti a écrite lundi pour dire à François Hollande et à Manuel Valls. Elle aurait dû l’écrire plus tôt.

Christophe Kantcheff  • 28 août 2014 abonné·es

Elle est belle, la lettre qu’Aurélie Filippetti a écrite lundi pour dire à François Hollande et à Manuel Valls qu’elle ne souhaitait pas faire partie de la prochaine équipe ministérielle. On peut toujours s’interroger sur ses motivations. Le fait, par exemple, qu’Arnaud Montebourg ait été, dans le gouvernement démissionnaire, son plus grand soutien ne la plaçait pas dans les petits papiers du Premier ministre. Elle aurait pris ainsi les devants. Mais il y a mieux à retenir de cette lettre. « Aujourd’hui, commence l’ex-ministre de la Culture, nos électeurs sont désemparés. Ils nous interpellent, nous attendent, sont dans un désarroi qui les jette dans la désillusion de la politique ou, pire, dans les bras du Front national comme à Hayange, ville symbole de la Lorraine sidérurgique. » Elle continue : « Ce qu’ils nous disent dans leur silence ou par leur colère, c’est que le réalisme ne peut être synonyme de renoncement. Le débat qui a été ouvert sur la politique économique est salutaire et nécessaire. » L’effort de lucidité est louable, et l’on sent la volonté de réaffirmer son identité politique. « Faudrait-il désormais que nous nous excusions d’être de gauche ?  » Oui, la lettre est belle, qu’Aurélie Filippetti aurait dû écrire plus tôt. Elle y pose ainsi un principe fondamental, qui ne supporte pas les compromissions, comme celle d’entériner des coupes brutales de budget ou un accord qui fragilise le régime des intermittents, acceptées au nom d’une carrière à établir. Ce principe est au cœur de la crise politique actuelle : « Je ne conçois pas la politique autrement que comme une fidélité à ces électeurs et à leur histoire […]. Il y a un devoir de solidarité [gouvernementale, NDLR], mais il y a aussi un devoir de responsabilité vis-à-vis de ceux qui nous ont fait ce que nous sommes. » Faut-il que la politique aille mal pour qu’une ministre se souvienne de sa mission première quand elle est en train de renoncer à sa charge !

Culture
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