Confiance : Une majorité relative
Sauvé par l’abstention, Manuel Valls a néanmoins perdu le soutien de 37 députés socialistes et écologistes depuis le mois d’avril.
dans l’hebdo N° 1319 Acheter ce numéro
Manuel Valls ne doutait pas qu’il obtiendrait la confiance des députés. Mais le Premier ministre avait aussi déclaré qu’il ne se satisferait pas de passer l’obstacle. Ce qu’il voulait, a-t-il indiqué au Journal du dimanche, c’était « passer avec de la force, de la marge ». Raté ! Seulement 269 députés ont approuvé la confiance (244 votant contre), ils étaient 306 (236 contre), le 8 avril, lorsque Manuel Valls avait engagé la responsabilité de son premier gouvernement. Officiellement, ses proches s’en satisfont. Le Premier ministre « a renouvelé la légitimité de son action, c’était un moment nécessaire de démocratie », a ainsi déclaré Jean-Marie Le Guen. Les coups de menton du secrétaire d’État aux relations avec le Parlement ne peuvent toutefois masquer qu’en cinq mois Manuel Valls a perdu 37 voix et devra maintenant gouverner avec une majorité relative.
Le Medef a décidé de reporter au 24 septembre la présentation (initialement prévue le 17) de ses propositions visant à créer un million d’emplois en France, au motif que l’organisation patronale « n’entend pas s’insérer dans une séquence politique ». Le quotidien les Échos a cependant dévoilé dimanche un document de travail très polémique. Le texte, intitulé : « Comment relancer la dynamique de création d’emplois en France ? », détaille une série de freins qui, pour le patronat, devraient être levés en priorité. Sans surprise, certaines des intentions patronales sont déjà en discussion au gouvernement, notamment l’ouverture des commerces le dimanche et la réforme des seuils sociaux. Le Medef veut aussi « animer le débat » avec des mesures consistant à supprimer deux jours fériés sur onze et à déroger au Smic pour certaines catégories de demandeurs d’emploi. De quoi créer une nouvelle séquence politique agitée dans les prochaines semaines.
Les frondeurs socialistes, partis à 11 en avril, sont désormais 28. Parmi eux, des très proches de Martine Aubry, dont François Lamy, l’ex-ministre de la Ville, qui ne s’était pas exprimé jusqu’ici. « Je ne suis ni déçu ni surpris », a déclaré Christian Paul à l’issue du scrutin ; la veille il tablait pourtant sur une quarantaine d’abstentions. Le discours de Manuel Valls et les pressions ont eu raison des hésitants, pas toujours convaincus par le discours de leurs camarades frondeurs dénué de perspective politique alternative. Ce que n’ont pas manqué de souligner les vallsistes, comme Christophe Caresche, qui, le 9 septembre, résumait en un tweet le flou de leur positionnement : « Si je comprends bien la stratégie des “frondeurs”, c’est affaiblir le gouvernement sans le faire tomber ! Perspective enthousiasmante ! » « On est trois fois plus nombreux que la dernière fois, positive néanmoins la députée du Doubs, Barbara Romagnan. Cela peut nous permettre de peser pour demander une CSG progressive, une nouvelle loi bancaire et d’investir dans la transition énergétique. » Comme ses camarades, elle pense désormais à la prochaine bataille, celle du budget. Avec l’espoir que les timides cette fois se lâcheront.