Des verres à moitié bio

De plus en plus présents sur le marché, les vins biologiques sont-ils vraiment au-dessus de tout soupçon ?

Claude-Marie Vadrot  • 25 septembre 2014 abonné·es

En quelques années, la mutation des vignobles en bio a été la plus importante de l’évolution agricole en France. Une extension de 41 % des surfaces entre 2011 et 2013, selon l’Agence Bio. Et 20 % des exploitations cultivées sans chimie sont consacrées au vin. Au moins deux explications à ce bond spectaculaire de la production. D’abord, nombre de viticulteurs redoutent les effets des produits phytosanitaires sur leur santé ; ensuite, beaucoup ont vu dans cette production un créneau porteur lié à un phénomène de mode – même s’il ne faut pas négliger l’importance et le rôle des jeunes viticulteurs passionnés par une nouvelle approche de leur métier. Pour Jean-Marc Carité, responsable des éditions Utovie et rédacteur en chef de la revue Vin bio magazine, «   on ne peut que se réjouir de l’extension des vignobles en bio, car c’est au moins une diminution des intrants chimiques épandus dans le sol, même si des grands domaines de Bourgogne ou du Médoc s’y mettent moins par “philosophie” que parce qu’ils constatent que leurs terres sont en train de mourir ». Un optimisme pas forcément partagé. À la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab), certains estiment (discrètement) que la nouvelle réglementation européenne peut ouvrir la voie à des dérives, notamment via la grande distribution.

Depuis le 1er juillet 2012, la vinification est très encadrée, avec une liste réduite (par rapport aux pratiques conventionnelles) d’intrants autorisés dans la composition du breuvage. Le vin « issu de raisins de l’agriculture biologique » est devenu « vin biologique ». Mais cette nouvelle réglementation comporte des contraintes complexes, ouvrant la voie à de nombreuses interprétations. Par exemple, « certains intrants œnologiques doivent être d’origine bio s’il existe des disponibilités commerciales », une disposition qui pourrait aboutir à une production plus difficile à contrôler par les organismes de certification. Ce sont ces produits mal définis qui colonisent cette année les foires aux vins des grandes surfaces, les vins bio représentant actuellement 35 % des achats. Les cavistes et les magasins bio sont, en général, plus attentifs à la qualité et au respect de la législation que les gestionnaires de grandes surfaces. Même s’il ne faut pas oublier qu’un vin bio, c’est-à-dire exempt de chimie, n’est pas forcément, d’un point de vue organoleptique, un « bon » vin. Car les nouveaux convertis ne sont pas obligatoirement de bons vignerons.

Écologie
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