Il revient
Toujours aussi droitier, il proclame qu’il va sauver le votat de ses tentations péniques.
dans l’hebdo N° 1320 Acheter ce numéro
Il revient. Pour dire toute la vérité : il n’était jamais complètement parti. Dans le cours des deux années qui viennent de s’écouler, par exemple, il a régulièrement lâché dans l’espace public des saillies sales. Et comme les journalistes dominants sont pris par lui comme des insectes peuvent l’être la nuit par les phares d’une vieille Volvo 122 quand l’été tombe sur la Suède [^2] – et lui réservent, par conséquent, une place d’honneur aux tablées où se forge l’opinion –, ses proférations, pour incommodantes qu’elles aient été, ont été partout placardées, à l’évidente fin que nul(le) ne puisse les ignorer, et que chacun(e), par conséquent, s’en imprègne, fût-ce à l’insu de son plein gré.
Il revient, et il serait faux de prétendre qu’il est toujours de droite, car, en vérité, il l’est bien plus encore – et crois-moi, ce n’est pas peu dire – qu’en, disons, 2012. Son style, typically réactionnaire ( and so orwellish ), est connu : à chaque fois qu’il énonce une s****erie, il beugle – si fort, des fois, qu’on le dirait pris d’exaltisme – que c’est une vérité absolue, et qu’elle est si dérangeante qu’il est seul à la dire – personne d’autre ose, personne d’autre a comme lui, c’est induit, les cojones nécessaires à la culture de ces désinhibitions –, et que c’est pour ça que de méchantes gens lui en veulent si fort, pââârce que moi, tu vois, j’sais c’que j’vois, j’dis c’que j’vois, j’dis c’que j’sais, j’sais c’que j’dis, j’vois c’que j’sais [^3] – et qu’y puis-je, m’sieur Pujadas, si tout ça m’fait finalement déclamer tout haut c’que la Pen récite de même ? Puis de conclure : « Tout le monde comprend que, si je ne dis pas que la racaille croît et se multiplie, et qu’elle porte souventes fois – est-ce de ma faute si c’est ce que je constate à chaque fois que je m’aventure, tous les quatre à sept ans, au-delà du seuil de mon cossu chez-moi – les signes distinctifs des musulman(e)s d’apparence, cela fera le jeu du Front national, alors vos gueules, les bien-pensant(e)s, et shut up, les gauchistes, et arrêtez de me demander de me calmer, je SUIS CALME, PUUUTAIIIN ! »
Il revient, toujours aussi droitier donc, et toujours aussi excité, toujours aussi plein de tics & mimiques limite halluciné(e) s, toujours aussi incommodant, toujours aussi plein d’une pontifiance manipulatrice où la détestation de l’Autre se drape dans une iconoclastie de carnaval. Il revient, et de nouveau il proclame qu’il va sauver le votat de ses tentations péniques – en lui narrant qu’il a raison de se vautrer dans des phobies d’un autre âge. Et comme de juste : la presse accourt. Et comme de juste : Arnaud Lagardère lui ouvre en – très – grand, comme il fait – très – régulièrement, les pages de son Journal du Dimanche. Finkielkraut [^4] revient, une fois de plus – et c’est, comme à chaque fois, totalement insupportable.
[^2]: «Holy sh*t, mais comment qu’tu t’la donnes, buddy : j’avais plus rien lu d’aussi beau depuis le premier paragraphe du Patriot Act » (Donald H. Rumsfeld).
[^3]: Et j’te laisse continuer, parce que c’est un peu chiant, là.
[^4]: Who else ?
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.