Rebsamen dans les pas de… Sarkozy

Le ministre du Travail, François Rebsamen, souhaite que Pôle emploi traque les fraudeurs. Des déclarations stigmatisantes.

Olivier Doubre  • 4 septembre 2014 abonné·es

Même le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, s’est dit « atterré »  ! Le ministre du Travail, François Rebsamen, a en effet expliqué, sur I-Télé mardi 2 septembre, qu’il comptait demander à Pôle emploi de « renforcer les contrôles » pour « vérifier que les chômeurs cherchent bien un emploi ». Une brillante idée qu’avait déjà eue Nicolas Sarkozy en son temps. François Rebsamen a alors indiqué qu’il fallait qu’il y ait des « sanctions » (entendez radiations) pour les « fraudeurs ». Mieux encore, le ministre a expliqué que, désormais, cette « mission » (sic) de Pôle emploi « nécessite un état d’esprit différent, des convocations et des vérifications » … Alors que, chaque jour, près de 1 000 personnes deviennent demandeurs d’emploi, leur nombre total ayant atteint le chiffre record de 3,42 millions, François Rebsamen a cru bon de chiffrer à quelques 350 000 le nombre d’emplois non pourvus, c’est-à-dire « recherchés en vain » par les entreprises. Les réactions de colère des associations de chômeurs, MNCP en tête, ne se sont pas fait attendre.

À la CGT, Éric Aubin, membre de la direction de la confédération, a ironisé en accusant le gouvernement d’avoir comme « seule solution pour faire baisser la courbe du chômage » celle de « sanctionner » les demandeurs d’emploi. Non sans pointer le « manque de sérieux » du ministre à propos des prétendus 350 000 postes non pourvus, chiffre qui ne s’appuie selon le syndicaliste que « sur des projections » et ne correspond « en aucun cas [à] des emplois à temps plein ». Or, lorsque des contrats précaires entraînent « une perte de revenus conséquente », a-t-il poursuivi, « ils aboutissent forcément à un refus » de la part des chômeurs. Même son de cloche à Force ouvrière avec Stéphane Lardy, secrétaire confédéral en charge de l’emploi, qui, sur BFM-TV, a vu dans les déclarations du ministre un des effets du tournant libéral opéré avec la mise en place du gouvernement Valls 2 : « Les contrôles existent déjà à Pôle emploi et les chômeurs ont des droits et des devoirs. Ce qu’on constate déjà avec ce gouvernement, c’est que lorsqu’on accentue dans la voie du libéralisme, cela s’accompagne souvent d’un autoritarisme en matière sociale ». Et de conclure : « Ces déclarations stigmatisantes cherchent à faire passer les chômeurs pour des fainéants, alors que la fraude est infinitésimale face au nombre énorme de demandeurs d’emploi. Nous attendons un discours un peu plus responsable ; je veux croire que le ministre a eu un réveil trop matinal… »

Travail
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