Bilan low cost pour Air France
Demi-victoire pour les pilotes, qui reprennent le travail après un conflit mal perçu par l’opinion.
dans l’hebdo N° 1321 Acheter ce numéro
Après quatorze jours de conflit, le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), majoritaire à 71 %, a annoncé dimanche qu’il cessait la grève. Au contraire du Syndicat des pilotes d’Air France (SPAF), qui a reconduit son préavis jusqu’au 2 octobre pour obtenir que « la direction revienne sur ses positions et adopte un véritable dialogue social ». Cette reprise de l’activité pour la majorité des pilotes représente une demi-victoire pour le SNPL. Le projet de Transavia Europe, qui devait concurrencer les offres low cost des grandes compagnies européennes comme Ryanair ou Easyjet, a été abandonné. Mais les syndicats ont échoué à faire adopter un contrat unique pour les pilotes d’Air France et de Transavia, puisque ceux qui voleront à bord de la flotte Transavia le feront aux conditions de la low cost française.
Le combat des salariés d’Air France contre les délocalisations et pour préserver les conditions de travail est certes légitime. Aucun des salariés, au sein du groupe Air France-KLM, ne désirait voir ses conditions de travail alignées sur celles des salariés portugais, comme il était prévu avec Transavia Europe. Mais on peut regretter que cette lutte ait été menée par les pilotes et pour les pilotes, lesquels gagnent en moyenne 12 500 euros bruts par mois. Car les syndicats ont entamé leur bras de fer avec la direction du groupe et le gouvernement sans se soucier des emplois des autres salariés, qu’ils mettaient potentiellement en danger. Le 24 septembre, une manifestation a d’ailleurs regroupé des centaines d’opposants au conflit (personnel au sol et d’escale, agents de maintenance, techniciens, commerciaux et même quelques pilotes) devant le siège de la compagnie. Un vent de protestation a également soufflé parmi les pilotes du syndicat SNPL Transavia France, qui estiment que le plan de fin de conflit est trop favorable aux pilotes d’Air France. Ces derniers voulaient imposer à la direction de travailler pour la filiale low cost à la condition qu’ils soient promus plus rapidement commandants de bord, écartant ainsi les pilotes de Transavia de ce poste envié. En fin de compte, le conflit a souffert de l’image de nantis des pilotes. La direction, le gouvernement et les médias s’employant à ne voir là que des revendications corporatistes.