C’est quoi, être de gauche ? Geneviève Azam : « En finir avec la croissance et le productivisme »
**Geneviève Azam** , économiste, membre du conseil scientifique d’Attac.
dans l’hebdo N° 1325 Acheter ce numéro
Être de gauche aujourd’hui, c’est peut-être d’abord vouloir refonder un projet démocratique débarrassé des lobbies. Un projet à partir de la base, qui rende vraiment le pouvoir aux citoyens.
C’est aussi porter un diagnostic juste sur la crise. Nous n’avons pas affaire à une simple crise de gouvernement qui pourrait être résolue par des « mesures ». On sous-estime la crise de la social-démocratie. Elle dépasse de beaucoup les personnalités. Bien sûr, il y a François Hollande et Manuel Valls, mais la crise est plus profonde.
La gauche ne pourra pas se reconstruire sur le même paradigme. Elle s’est construite dans une perspective de croissance et de productivisme. Et la financiarisation n’est au fond qu’un supplétif à la crise de croissance. La gauche doit donc avoir le courage de dire que ce temps-là, celui de la croissance et du productivisme, celui de l’accumulation du capital, est révolu. Repenser la justice et la solidarité n’est pas possible dans un modèle qui fait de la croissance et du progrès techno-scientifique le moteur de la société.
Dans son projet prétendument modernisateur, la gauche actuelle est, d’un certain point de vue, pire que la droite. Un projet profondément destructeur et délirant comme ce barrage sur le lac de Sivens, c’est le conseil général du Tarn, qui est de gauche, qui veut l’imposer. On pourrait donc désespérer. Mais on voit en même temps sur le terrain qu’une autre gauche se construit, avec un nouveau paradigme de transformation sociale et écologique. C’est par là que l’on peut imaginer un véritable renouvellement.