Jihad : Pourquoi ils partent
Ils ne se forment pas « au jihad » dans les mosquées, mais sur Internet. Attirés par des « recruteurs » qui masquent sous des apparences religieuses ce qui relève du kidnapping.
dans l’hebdo N° 1321 Acheter ce numéro
Ils étaient 300 au début de l’année. Selon le ministère de l’Intérieur, ils seraient près d’un millier aujourd’hui à être partis en Syrie. Des jeunes Français de 14 à 28 ans, plutôt issus de familles athées, des classes moyennes ou supérieures. Peu de musulmans. Des filles qui se voilent et souhaitent apporter une aide aux enfants palestiniens. Des garçons qui cherchent une communauté d’appartenance, un combat dans lequel s’engager. Le lien avec l’islam ? Celui qu’ils font, pilotés par les vidéos et les conversations en ligne, et celui auquel conduisent les représentations négatives de l’islam. Car ils ne se forment pas « au jihad » dans les mosquées, mais sur Internet. Attirés par des « recruteurs » qui masquent sous des apparences religieuses ce qui relève du kidnapping. Sauf que ces jeunes partent de leur plein gré et qu’une partie d’entre eux sont majeurs.
Les causes de ces départs sont multiples : sociales, liées à l’adolescence et à des systèmes de « propagation virale » opérant via les réseaux sociaux… Ce qui émerge, c’est que ces jeunes n’ont pas tous un profil à la Mohamed Merah, que ce sont pour beaucoup des filles, que le phénomène est rapide et prend de l’ampleur, et que tous ont été persuadés que la fin du monde était proche…
L’anthropologue Dounia Bouzar a créé le Centre de prévention des dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI), qui a rejoint la plateforme où se retrouvent la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) et le Comité interministériel de prévention de la délinquance (CIPD), ainsi que des psychiatres, des psychologues, des spécialistes de l’adolescence et des phénomènes d’emprise. Elle raconte : endoctrinement, désendoctrinement, désespoir et lutte des parents, mesures à mettre en place pour empêcher les départs et accueillir les retours. Quand ces jeunes réussissent à revenir.
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