Neuf paysans au tribunal
Le procès des actions menées par la Confédération paysanne sur le site des « mille vaches » sera aussi celui de la ferme-usine.
dans l’hebdo N° 1324 Acheter ce numéro
À Amiens, le 28 octobre, se tiendra le « procès de l’industrialisation de l’agriculture », ainsi nommé par la Confédération paysanne. Le syndicat d’agriculteurs prévoit ce jour-là une importante mobilisation, en face du palais de justice, pour dénoncer la ferme-usine dite des « mille vaches ». Initié par Michel Ramery, une des grandes fortunes françaises, ce complexe géant dédié à l’élevage laitier et associé à un méthaniseur est installé en Picardie, sur les terres de Drucat-le-Plessiel et de Buigny-Saint-Maclou, près d’Abbeville (Somme). Ce jour-là, neuf militants de la Confédération paysanne comparaissent devant le tribunal correctionnel d’Amiens, dont Laurent Pinatel, porte-parole national du syndicat. Ils sont accusés de dégradation en réunion, d’incitation à la dégradation en réunion, de vol, de recel, ou encore de refus de prélèvement ADN, après des actions menées sur le chantier de la ferme-usine, qui a démarré sa première traite en septembre avec 150 vaches laitières.
Les faits remontent au 28 mai. Au matin, une soixantaine de militants sont entrés dans les bâtiments pour « démonter, dévisser, déboulonner, sans rien casser », assure une des prévenues. Elle affirme que « tout est resté sur place, sauf une partie du matériel qui a été remise à Stéphane Le Foll [le ministre de l’Agriculture] ». Michel Welter, directeur d’exploitation du site, estime, lui, les dégâts à 100 000 euros : « Les manifestants sont partis avec des éléments de la salle de traite, des cartes électroniques, ils ont envoyé un colis de 7 kilos de ces éléments au ministre de l’Agriculture. » Pour la Confédération paysanne, « il y a une volonté de criminaliser l’action syndicale et de laisser Michel Ramery poursuivre son projet destructeur en toute impunité. Ce sont les lanceurs d’alerte qui sont poursuivis, pendant que l’agriculture s’industrialise aux dépens des paysans et des citoyens, avec la bénédiction de nos gouvernants ». Face à ce « deux poids deux mesures », la Confédération paysanne convoquera « officiellement les fossoyeurs de l’agriculture à leur procès ». Il aura lieu en même temps que celui des militants, devant le tribunal d’Amiens.