Quel crédit pour les stress tests ?
Les banques françaises ont reçu une évaluation positive de la Banque centrale européenne. Elles sont pourtant loin d’être si solides.
dans l’hebdo N° 1325 Acheter ce numéro
La plupart des banques de la zone euro ont passé avec succès les tests de résistance réalisés par la Banque centrale européenne (BCE) et l’Autorité bancaire européenne (ABE). Michel Sapin, ministre des Finances, a salué ces résultats, publiés dimanche 26 octobre. Il en a profité pour affirmer que les banques françaises figurent « parmi les plus solides de la zone euro » .
Les tests portaient sur la quantité de fonds propres des banques, la qualité de leurs actifs et leur éventuelle résistance à une crise future. Mais que valent-ils vraiment ? « On peut s’interroger sur leur crédibilité : plusieurs banques avaient passé avec succès les précédents stress tests pratiqués par l’ABE en 2011 et se sont révélées défaillantes par la suite », rappelle l’économiste Dominique Plihon, spécialisé en économie financière. « Le scénario noir testé par la BCE est sans commune mesure avec la crise de 2008 et reste donc très loin de ce qui se passerait face à une crise encore pire, que beaucoup d’analystes redoutent », renchérit Olivier Berruyer, spécialiste de la gestion des risques dans le secteur financier [^2]. Pour lui, « les quatre banques systémiques françaises [BNP Paribas, BPCE, Crédit agricole et Société générale] qui restent [après la chute de Dexia] sont des bombes en raison des centaines de milliards d’euros d’actifs financiers risqués au bilan ». Dominique Plihon ajoute que « le système bancaire français est considéré comme l’un des plus dangereux au monde, car c’est le seul où 90 % de l’activité est réalisée par quatre établissements qui ont été classés “banques systémiques” par le Conseil de stabilité financière, c’est-à-dire qu’il s’agit de banques trop grosses, trop interconnectées entre elles, qui sont parmi les plus actives en opérations spéculatives sur les produits dérivés » .
Le gouvernement se veut rassurant sur la stabilité du système bancaire et justifie une réforme bancaire a minima, reprenant à son compte le discours du lobby du secteur. Début octobre, le Fonds monétaire international (FMI) avait pourtant souligné les risques d’instabilité ou de chocs financiers qui persistent plus de six ans après la crise financière. Et rappelé que 70 % des banques de la zone euro sont en situation de faiblesse.
[^2]: Lire : « La vaste blague des stress tests de la BCE… », blog les-crises.fr