Boko Haram : Après le Nigeria, le Cameroun
Seize villages détruits, 2 000 morts et 20 000 personnes en fuite. C’est le bilan de l’attaque perpétrée par Boko Haram.
dans l’hebdo N° 1336 Acheter ce numéro
Du 6 au 8 janvier, la ville de Baga et une quinzaine de villages situés au nord-est du pays ont été dévastés par les fanatiques de Boko Haram qui ont tué sans discernement. « Il y a des corps partout », a rapporté un villageois lundi. L’armée nigériane, dépassée par les attaques qui se multiplient, ne riposte pas. « Il n’y a pas un seul soldat à Baga », a déploré Borye Kime, un pêcheur de Baga joint au téléphone par les médias. Selon Ammesty International, il s’agirait du « massacre le plus meurtrier de Boko Haram ». Samedi, à Maïduguri, une bombe placée sur une fillette de 10 ans a fait 19 morts. Le lendemain, à Potiskum, deux femmes kamikazes se sont fait exploser sur un marché, tuant quatre personnes. L’armée nigériane, débordée, a appelé à une coopération internationale contre les jihadistes.
Lundi, après les massacres au Nigeria, le groupe islamiste s’est pour la première fois déplacé vers le Cameroun, sur la base militaire de Kolofata, dans l’extrême nord du pays. L’attaque aurait duré plus de 5 heures, faisant 143 morts chez les terroristes et un soldat tué au sein de l’armée camerounaise. « Les combats étaient intenses, mais ils ont été repoussés », a déclaré Issa Tchiroma, le ministre de la Communication. Un revers pour Abubakar Shekau, le chef du groupe islamiste, qui a lancé cette offensive vers le Cameroun en représailles aux frappes aériennes de l’armée camerounaise, et qui sonne comme un passage à l’acte. Début janvier, il avait posté une vidéo sur YouTube dans laquelle il menaçait le Président camerounais, Paul Biya : « Si tu ne mets pas fin à ton plan maléfique, tu vas avoir droit au même sort que le Nigeria. » Le groupe contrôle un large territoire de plus en plus élargi dans le nord-est du Nigeria, mais il est aussi très actif sur les zones frontalières avec le Cameroun, le Tchad et le Niger, ce qui inquiète les autorités et les populations voisines. « On peut apercevoir le drapeau noir des jihadistes flotter de l’autre côté de la frontière », s’alarmait, début janvier, le maire de Diffa, au Niger. Selon les observateurs, Boko Haram aurait fait près de 13 000 morts depuis 2009.