IVG : Quarante ans après la loi Veil, un droit qui doit toujours être consolidé
La ministre de la Santé a annoncé un nouveau programme pour renforcer l’accès à l’avortement. Des mesures plus que nécessaires, selon le Planning familial.
17 janvier 1975, la loi Veil , légalisant l’interruption volontaire de grossesse, était adoptée au parlement.
Quarante ans plus tard, l’accès à ce droit doit encore être consolidé, comme en témoignent les mesures annoncées par la ministre de la Santé Marisol Touraine, ce vendredi.
Remboursement à 100% non seulement de l’avortement mais aussi des actes qui y sont liés (échographies et examens biologiques), création d’un numéro national unique d’appel pour répondre aux questions et d’un portail web dédié…
«Quand l’accès à l’avortement n’est pas facile, ce sont les femmes les plus fragiles socialement qui en payent le prix» , a déclaré la ministre, lors d’une visite dans le centre de planification familiale de l’Hôpital Saint-Denis, près de Paris.
Et, pour le Planning familial, beaucoup reste à faire pour garantir l’accès de toutes à l’IVG. «Ce droit existe, légalement, mais on sait qu’il est encore très mal appliqué à certains endroits» , explique Véronique Séhier, co-présidente de l’organisation. Il y a, pour elle, une inégalité territoriale réelle dans l’accès des femmes à l’avortement.
«D’une Agence régionale de santé (ARS) à l’autre, les conditions ne sont pas les mêmes » , souligne-t-elle. Et le manque de moyens et de professionnels autorisés à pratiquer un IVG accroît cette disparité régionale.
En cela, l’autorisation des sages-femmes à réaliser des IVG médicamenteuses, et des médecins des Centres de Santé à pratiquer des avortements par aspiration, annoncée par la ministre, représente une réelle avancée.
Tout comme la formalisation d’un plan pour l’accès à l’avortement dans chaque région, une mesure également promise par Marisol Touraine. Mais la création de ce plan devra être «obligatoire» dans toutes les ARS pour être véritablement efficace, souligne la co-présidente du Planning familial.
Lutter contre la culpabilisation des femmes
La ministre de la Santé a également annoncé le lancement d’une campagne nationale d’information sur l’IVG. «Enfin ! , s’exclame Véronique Séhier, Il n’y a jamais eu, jusqu’à présent, de campagne nationale sur l’avortement ! Uniquement sur la contraception. Il était temps !»
D’autant plus dans un climat réactionnaire sur le Droit des femmes.
«Le mouvement de la Manif’ pour tous a décomplexé les anti-avortements, analyse-t-elle, On fait aujourd’hui face à des courants conservateurs importants, qui tiennent des discours essentialistes, renvoyant les femmes à leur “rôle” de mère, et s’attachent ainsi à culpabiliser celles qui ont avorté. Or, la façon dont on vit un avortement est aussi conditionné par le regard qui y est porté.»
Et ce regard est toujours stigmatisant, selon Véronique Séhier, ne serait-ce que par le délai de réflexion de sept jours, toujours imposé à toutes les femmes voulant pratiquer un avortement : «Ce n’est pas justifiable. D’une part, on ne peut pas imposer à une femme qui a pris sa décision de la reconsidérer. D’autre part, si une femme n’est pas sûre de sa décision, ce n’est pas d’un délai dont elle a besoin, mais d’une écoute, de discussions avec des équipes formées et dédiées à ce dialogue.»
Autre disposition à ses yeux injustifiable, la clause de conscience des médecins: «Il existe déjà une clause de conscience pour tout acte médical, pourquoi le doubler sur la question de l’avortement ?»
Si le Planning familial regrette que ces deux mesures ne soient pas remises en cause, sa direction se félicite des dispositions annoncées, «dont elle veillera à l’application, au delà des discours» , prévient la co-présidente.
Pour que toute femme puisse exercer ce droit, non seulement en toute légalité mais aussi «en toute légitimité» .
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