Un enfant de huit ans entendu par la police pour « apologie du terrorisme »
A huit ans, un garçon a été entendu par la police pour des déclarations de solidarité aux tueurs de Charlie Hebdo.
Ahmed a été entendu le 28 janvier, par la police niçoise pour avoir déclaré « je suis avec les terroristes » au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo . Ce jour-là, l’élève de CE2 avait également refusé de faire la minute de silence en hommage aux victimes du journal.
Selon son instituteur, Ahmed a tenu des propos de « solidarité » avec les auteurs de la tuerie du 7 janvier. Selon Nice Matin , qui ne donne pas sa source en citant la phrase, l’enfant aurait dit en classe :
« Il faut tuer les Français. Je suis dans le camp des terroristes. Les musulmans ont bien fait, les journalistes méritaient leur sort. »
Son père s’était également rendu plusieurs fois à l’école pour, d’après le rectorat, « donner son point de vue » . Le directeur de l’école primaire a déposé plainte à l’encontre du père pour « intrusion » dans l’école et « attitude menaçante » envers l’équipe.
« Nous ne sommes pas dans une affaire d’apologie du terrorisme, il s’agit de vérifier simplement la réalité des menaces » , a indiqué Marcel Authier, directeur départemental de la sécurité publique. Durant la trentaine de minutes qu’a duré l’audition, le petit Ahmed aurait confirmé avoir tenu ces propos, mais, d’après l’avocat de la famille, il aurait également affirmé ne pas connaître la signification du terme « terrorisme ».
Cette affaire a déclenché de vives polémiques , entraînant la réaction des politiques. « L’enfant était avec son père (…). Je crois qu’il faut arrêter avec le monde des bisounours, on est dans un pays qui subit une menace extrême » , a déclaré Éric Ciotti, député UMP et président du conseil général des Alpes-Maritimes. « Soutien au directeur d’école qui a dénoncé les faits avec courage. J’attends de la justice de la fermeté face à la responsabilité parentale » , a twitté le député maire de Nice, Christian Estrosi.
Devant cette montée de la paranoïa , l’Observatoire national contre l’islamophobie s’est prononcé contre cette « hystérie collective » . L’organisme a ajouté que la « lutte contre la radicalisation devait se faire dans un cadre légal et républicain » et que la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, devait « veiller à ce que de tels dérapages ne se reproduisent plus et faire primer le dialogue dans des cas similaires » .