Aimez-vous Brahms ? (« À flux détendu »)

Si l’overdose survient un dimanche soir, je recommande un refuge : « La Tribune des critiques », à 20 h 30, sur France Musique.

Christophe Kantcheff  • 19 février 2015
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Aimez-vous Brahms ? (« À flux détendu »)

Vient un moment où la coupe est pleine. L’actualité nous déborde. La fusillade de Copenhague un jour, la profanation de tombes juives le lendemain, les chaînes d’info en continu, France Info en boucle… On crie grâce. Non que l’on veuille plonger la tête dans le sable, mais on a besoin d’une pause. Dans ces cas-là, si l’overdose survient un dimanche soir, je recommande un refuge : « La Tribune des critiques », à 20 h 30, sur France Musique, une émission animée par Jérémie Rousseau. Le principe en est simple : une pièce de musique est au programme, avec six versions différentes, que trois critiques entendent à l’aveugle. Ceux-ci n’ont pas à deviner l’identité des interprètes, mais sont invités à donner leur sentiment sur les extraits de chacune des versions proposées. Au fur et à mesure, ils éliminent les versions qui les touchent le moins, dont les noms des chefs d’orchestre et des solistes sont alors dévoilés, tandis que les auditeurs les plus impatients peuvent aller sur le site de l’émission, où toutes les informations sont données d’emblée. La version qui se maintient jusqu’au bout se trouve ainsi consacrée. Ce dimanche, pour le Sextuor n° 1 de Brahms, la « gagnante » était l’interprétation enregistrée en 2013 par le Quatuor Pražák, auquel s’étaient ajoutés Petr Holman et Vladimir Fortin. « La Tribune des critiques », c’est une sorte de « The Voice classique » sans l’humiliation en direct. Avec une érudition souriante et des jugements peut-être parfois injustes mais toujours finement argumentés. Un plaisir de l’esprit et de l’oreille qui ne se replie jamais dans l’entre-soi : si les critiques sont précis, ils ne sont jamais abscons. Sur France Musique, à portée de main et en « accès gratuit », voilà une émission non élitiste qui incite à découvrir des œuvres et des interprètes et à aiguiser sa propre écoute. Ne serait-ce pas ce qu’on appelle le service public ?

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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