Départementales : Entre gauche et écologie, vers une convergence des buts

Dans certains cantons, des rapprochements significatifs se dessinent entre EELV, le Front de gauche et parfois Nouvelle Donne.

Patrick Piro  • 19 février 2015 abonné·es
Départementales : Entre gauche et écologie, vers une convergence des buts
© Photo : AFP PHOTO / JEAN-SEBASTIEN EVRARD

Le Parti socialiste laissé seul face à ses responsabilités pour les élections départementales ? C’est bien ce qui semble se dessiner à gauche, même si l’on n’affirme pas de « renversements d’alliance » à proprement parler au Parti communiste (PCF), à Europe Écologie-Les Verts (EELV) et au Parti de gauche (PG). Car, en dépit d’un manque de repères pour ce scrutin aux règles remaniées, des mouvements nouveaux s’opèrent sur le terrain. « Au regard d’autres élections locales, nos alliances de premier tour avec le Parti socialiste (PS) se tassent, représentant moins de 20 % des configurations », relève David Cormand, en charge des élections à EELV, parti qui annonce sa présence – candidats ou soutiens – dans une moitié des 2 000 cantons. Les communistes ne feront binôme avec des socialistes que pour 2 % des candidatures du parti, qui couvriront près des trois quarts des cantons. « Le rassemblement à gauche, c’est pour le second tour », relativise Pascal Savoldelli, responsable aux élections pour le PCF. Dans la grande majorité des cas, le parti sera présent sous l’étiquette Front de gauche, « même s’il s’agit majoritairement de candidats communistes, en raison de notre implantation plus importante que celle du PG » .

Pour le Parti de gauche, en revanche, l’autonomie envers le PS était une condition sine qua non des candidatures. « Nous nous présentons très majoritairement en configuration d’alliance, très fréquemment “Front de gauche”. Nous constatons l’abandon par le PC de sa stratégie à géométrie variable d’alliances avec le PS lors des municipales, interprète Éric Coquerel, chargé des élections au PG, qui ne livre pas son taux de couverture des cantons. Nous affronterons des candidatures PS-PC dans moins de dix départements. » Pour l’essentiel, les décisions ont été prises à l’échelle locale, en fonction des rapports de force électoraux, indique Pascal Savoldelli. « Des discussions d’alliance ont été nécessaires là où la barre qualificative des 12,5 % de voix risque d’éliminer la gauche du second tour. » C’est le cas dans l’Aisne, le Pas-de-Calais ou le Vaucluse. Plus qu’un relatif isolement du PS, la nouveauté tient en la montée d’alliances entre EELV et les forces du Front de gauche, où s’immisce parfois Nouvelle Donne, dans près de trente départements. Oise, Drôme, Indre-et-Loire, Corrèze, Haute-Vienne, Seine-Maritime… « Dans certains lieux, comme en métropole lilloise, on ne s’y attendait pas, en raison d’anciennes divergences locales. Nous sommes même parfois parvenus à donner une visibilité départementale à ces alliances gauche-écologie », se réjouit Éric Coquerel, qui veut y voir une inspiration puisée auprès de Syriza, rassemblement de la gauche et des écologistes grecs soutenu par le Front de gauche et EELV. Dans près de 12 % des cantons où il sera présent, le PC a formé des binômes avec les écologistes. Idem entre le PG et EELV (et parfois Ensemble !) dans une petite dizaine de départements. C’est notable en Isère, où se prolonge l’alliance gagnante de la dernière municipale grenobloise, qui affrontera de nouveau le PC accouplé au PS. « Et l’opposition au projet controversé de Center Parcs à Roybon a renforcé le rapprochement PG-EELV », constate David Cormand. « Nous allons scruter ces déplacements d’alliances à la loupe », commente Éric Coquerel.

La nouveauté est particulièrement visible à EELV, qui ne passait jusqu’alors d’alliances de premier tour qu’avec le PS ou presque. « Notre présence à ces élections départementales est dans plus de 40 % des cas le fruit d’un accord avec une force de gauche non socialiste, le plus souvent le Parti de gauche, indique David Cormand. Dans un tiers des cas, il s’agit d’alliances avec des groupes citoyens. » Un mouvement fomenté à la base, sans consigne d’état-major comme il est de tradition chez les écologistes. David Cormand y distingue une formulation nouvelle de « l’autonomie » chère à EELV. « Car bien souvent, au-delà des calculs électoraux, il s’agit de rapprochements construits autour de projets communs et d’une vision partagée de la démocratie, de l’écologie, de la solidarité. On est en train de passer d’une convergence des luttes à la convergence des buts. »

Politique
Temps de lecture : 4 minutes