L’écologie, nouvelle frontière de nos sociétés
Les Économistes atterrés ouvrent quinze chantiers pour sortir de la crise en tournant le dos aux politiques néolibérales.
dans l’hebdo N° 1340 Acheter ce numéro
Dans leur premier manifeste publié en 2010, vendu à près de 100 000 exemplaires, les Économistes atterrés dénonçaient 10 fausses évidences et présentaient 22 mesures pour sortir de la crise de la dette en Europe. Ceux qui ne se résignent pas à la domination de l’orthodoxie néolibérale récidivent avec un nouveau manifeste qui présente « 15 chantiers pour une autre économie ».
Le premier opus avait donné l’alerte sur la poursuite et l’approfondissement des politiques néolibérales. Quelques années plus tard, on s’aperçoit que le jugement des économistes atterrés est avéré. Ces politiques ont conduit à des régressions sans fin ; une crise majeure s’est installée qui n’en finit pas de produire ses effets. Avec ce nouveau texte, les auteurs pointent des dirigeants s’accrochant « à des préceptes néolibéraux qui ont failli » et l’extrême gravité d’une crise globale – économique, sociale et écologique. Le néolibéralisme perdure en dépit de ses échecs patents et de la désespérance sociale qu’il engendre. « Le gouvernement s’est lancé à corps perdu dans une vaine politique de l’offre misant sur les exonérations de cotisations sociales alors que les entreprises sont d’abord confrontées à l’atonie de leur carnet de commandes et aux exigences de rentabilité du capital », estiment les auteurs. Ce résultat, dénoncent-ils, est le fruit d’une collusion entre le haut appareil d’État et la bourgeoisie financière. En présentant leurs chantiers, ces économistes ont l’ambition de susciter des initiatives et des vocations, espérant que d’autres se saisiront de leurs propositions animées par la conviction que la démocratie, l’égalité et l’initiative des citoyens doivent primer sur le marché.
Surtout, l’écologie doit constituer la « nouvelle frontière » de nos sociétés et donc de nos économies. Les défis environnementaux « réclament une véritable bifurcation de nos modes de production et de consommation, qui peut elle-même constituer un accélérateur des transformations sociales ». Ainsi, le premier des chantiers à mettre en œuvre est consacré à l’écologie, une question qui ne supplante pas les autres mais en est le fil conducteur. Réussir la transition écologique ne va pas sans une réforme fiscale « radicale » et le plein-emploi. Une « priorité pour la politique économique » qui est atteignable en favorisant le « redéploiement productif », en poursuivant la réduction du temps de travail et en créant des emplois publics et associatifs pour répondre aux besoins sociaux. Quatre ans après le coup de semonce du premier manifeste, les économistes atterrés sont plus que jamais convaincus qu’il est temps d’emprunter d’autres chemins et que d’autres politiques sont possibles et souhaitables.