Les parutions de la semaine
dans l’hebdo N° 1342 Acheter ce numéro
L’Humanitude au pouvoir
Comment les citoyens peuvent décider du bien commun
Jacques Testart, Le Seuil, 160 p., 17 euros.
Une nouvelle méthode démocratique : c’est un peu l’objectif de ce nouvel ouvrage de Jacques Testart. Poursuivant sa réflexion en faveur de la démocratisation des choix sociotechniques et politiques, le biologiste met en avant la notion d’« humanitude », entendue comme la « capacité » des simples citoyens à comprendre les enjeux et à prendre les bonnes décisions « au nom de l’intérêt commun de l’humanité ». L’auteur propose pour cela un outil : les « conventions de citoyens » (sur le modèle des « jurys citoyens » chers à la démocratie participative), qui examineraient en amont les programmes électoraux et les choix en matière éthique, scientifique, écologique ou sanitaire. Une étape préalable aux votes, où les citoyens se poseraient en experts pour le bien commun.
Ceux de Billancourt
Laurence Bagot, Éd. de l’Atelier, 192 p., 18 euros.
Ils se prénomment Christiane, Francine, Mohamed, Giovanni, Abdallah, Khadija… Ils sont venus d’Algérie, du Maroc, de Côte d’Ivoire, d’Italie, de banlieue parisienne ou des campagnes françaises. Tous ont été employés ou ouvriers, parfois plus de quarante ans, dans l’immense navire immobile de la mythique usine Renault de Billancourt, fermée il y a vingt-trois ans. Laurence Bagot, professeur d’arts plastiques, leur offre la possibilité de raconter leur vie de labeur, la chaîne, les cadences, les luttes, l’épuisement, la fierté, la révolte, la solidarité, la dignité. Le récit tout en émotion « d’un passé étonnamment présent », d’une mémoire que l’on a tenté d’effacer.
Le corps du Duce
Essai sur la sortie du fascisme
Sergio Luzzatto, traduit de l’italien par Pierre-Emmanuel Dauzat, Gallimard, 368 p., 28 euros.
Trois jours avant le 25 avril 1946, premier anniversaire de la Libération de l’Italie, des jeunes néofascistes déterrent et dérobent la dépouille de Mussolini de la fosse anonyme du cimetière de Milan. La police récupère vite l’embarrassant cadavre, mais la toute jeune République ne sait qu’en faire. Onze ans durant, il reste caché dans un couvent… Un signe de l’incapacité du nouveau régime à penser et à « construire une mémoire fondatrice, un culte patriotique, sur le martyrologe des partisans ». L’historien Sergio Luzzatto s’empare de cet imbroglio macabre pour analyser le rapport de l’Italie contemporaine à sa mémoire politique récente.