ZAD éclair à Marseille
Du 22 au 29 janvier, des citoyens ont tenté de défendre un espace vert. Une expérience inédite en milieu urbain.
dans l’hebdo N° 1339 Acheter ce numéro
Vendredi 30 janvier au matin, la police a mis fin à une expérience sans précédent au cœur de la deuxième ville de France [^2]. Pendant huit jours, une centaine de personnes se sont relayées nuit et jour pour occuper un petit parc public promis à la construction d’un immeuble. Cédé par la mairie à Unicil, groupe immobilier intervenant dans l’habitat social, le parc Michel-Lévy a longtemps été le seul espace vert du quartier. En lieu et place devrait bientôt se dresser un immeuble d’une cinquantaine de logements et un parking public sur trois niveaux. La mairie et l’acquéreur Unicil ont eu beau répéter ces dernières années qu’un jardin y serait recréé « à l’identique », personne n’y a jamais cru. Malgré sept ans de lutte citoyenne, de démêlés judiciaires en tentatives de récupération politique, la mobilisation a fini par s’essouffler, surtout après la fermeture du parc en juin 2013. Mais l’arrivée des engins sur le site, le 21 janvier, et l’abattage des premiers arbres ont ranimé la flamme.
Dès le premier soir de l’occupation, le 22 janvier, un immense tag signalait à l’entrée : « ZAD Michel-Lévy à la mémoire de Rémi Fraisse ». Le ton était donné. Et du haut du micocoulier où il avait installé sa plateforme, le militant de Greenpeace David Escalier ne se faisait pas prier pour confirmer : « Nous sommes liés à toutes les ZAD, celles du Testet, de Notre-Dame-des-Landes, de Center Parcs… » Riverains, militants écolos chevronnés, zadistes de la nouvelle génération – dont un bon nombre passés par Sivens –, Marseillais refusant le bétonnage de la ville, beaucoup, durant la séquence, ont choisi de s’appeler Michel(le). « Le but premier, c’était l’occupation », résume Valeria, dont les enfants ont appris à faire du vélo dans le parc Michel-Lévy. Mercredi 28 janvier, jour des enfants, les zadistes ont organisé une réappropriation ludique du jardin : tipis, balançoires, souches d’arbres bariolées. Deux jours et une intervention de police plus tard, le bruit des tronçonneuses sonnait le glas de cette parenthèse. Avec la promesse de poursuivre la lutte quand sera dissipée l’amertume de ce triste épilogue.
[^2]: Lire notre récit de l’évacuation sur Politis.fr