Circulation pas si alternée

La mesure fonctionne mais n’est utilisée qu’en extrême urgence.

Ingrid Merckx  • 26 mars 2015 abonné·es

Dès que le pic de pollution baisse, le nombre de véhicules remonte… C’est l’urgence qui s’applique face à l’air vicié à Paris, et dans 22 villes limitrophes. Ironie : la circulation alternée n’alterne pas. À chaque fois, cette mesure ne dure qu’une journée. C’était déjà le cas le 17 mars 2014. Ce lundi 23 mars, après que le taux de pollution est repassé sous le seuil de 50 microgrammes/m3, d’après l’agence Airparif, la ministre de l’Écologie a annoncé que le dispositif ne serait pas reconduit le lendemain. Ce qui vient en interroger la pertinence. Certains arguent que ce ne sont pas les voitures qui polluent le plus mais l’agriculture et le chauffage. D’autres regrettent que la circulation alternée ne cible pas les voitures les plus polluantes (27 % du parc en circulation). Enfin, les dérogations sont légion. La météo semble plus déterminante sur la stagnation ou le nettoyage des particules fines dans l’atmosphère que la régulation de la circulation.

En levant le dispositif le 23 mars au soir, Ségolène Royal a félicité le comportement « citoyen » d’automobilistes sans doute motivés par les 750 policiers déployés dans la capitale, la gratuité des transports et du stationnement. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), la circulation alternée est intéressante parce qu’associée à d’autres mesures : pédagogie, gratuité des transports, contournement de la capitale par les poids lourds et réduction de la vitesse maximale de 20 km/h. Le 17 mars 2014, le trafic avait baissé de 18 % dans la capitale, la concentration de particules fines de 6 % et celle de dioxyde d’azote de 10 %. Chaque année, la pollution de l’air entraîne 7 millions de morts dans le monde, selon l’OMS. Mais, rappelle l’Institut de veille sanitaire, 95 % de cet impact sanitaire sont provoqués par la circulation automobile quotidienne. Circulation alternée toute l’année ?

Écologie
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