Crise grecque : Le temps presse
À Berlin comme à Bruxelles, le ton a changé. Mais les échéances de court terme sur la dette pèsent plus que jamais sur Athènes.
dans l’hebdo N° 1346 Acheter ce numéro
Reçu lundi pour la première fois à Berlin, le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a appelé, avec la chancelière allemande, Angela Merkel, à « dépasser les stéréotypes » qui minent les négociations sur les réformes que le gouvernement grec a lancées ces derniers jours. L’heure est à la détente entre les deux pays, dont les relations étaient au plus bas depuis plusieurs semaines.
Symbole de ce changement de ton, il n’est désormais plus question que la Grèce sorte de la zone euro mais plutôt de l’urgence du déblocage, au moins partiel, de la dernière tranche de prêts (7,2 milliards d’euros) du Fonds européen de stabilité financière (FESF). Ce prêt entre dans le cadre de la prolongation de quatre mois de l’aide financière décidée par les ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe), le 24 février, sur la base d’une première liste de réformes présentée par le gouvernement grec. Une question jugée « difficile » à Berlin, qui traîne les pieds. Dans un courrier daté du 15 mars adressé à la chancelière allemande, Alexis Tsipras a cependant prévenu qu’Athènes ne pourrait honorer le service de la dette publique dans les prochaines semaines « si l’Union européenne n’apportait pas à court terme une assistance financière au pays ». Le Premier ministre grec a insisté sur le fait que « le plan de sauvetage n’a pas été un succès », rappelant la chute du PIB de 25 %, la hausse du chômage et l’augmentation des inégalités sociales provoquée par les plans d’austérité. Lors du mini-sommet européen du 19 mars, Alexis Tsipras s’est engagé à rapidement présenter des réformes détaillées, « sur la base de l’accord actuel, en étroite coordination avec les institutions afin de permettre une conclusion rapide et réussie de l’examen », exigé par l’Eurogroupe. L’accord reprenant à son compte les principales réformes engagées par le gouvernement grec, lequel estime avoir convaincu ses partenaires du fait qu’il n’y aura pas de nouvelles mesures d’austérité. Un premier geste financier est venu de la Commission européenne, quelques heures après le mini-sommet européen. Deux milliards d’euros « pour l’année 2015 », provenant des fonds structurels non utilisés, ont été mis à la disposition d’Athènes pour financer la lutte « contre la crise humanitaire », a annoncé le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, reprenant à son compte, ironie de l’histoire, les termes du programme de réforme du gouvernement grec et de Syriza.
De son côté, le Parlement grec a voté en urgence une loi « pour relancer l’économie », facilitant le règlement des dettes des contribuables à l’État et aux caisses de sécurité sociale, soit plus de 76 milliards d’euros. Une série d’actions a été lancée contre la corruption, visant les plus riches. Des mesures pour lutter contre la pauvreté ont aussi été adoptées dans une loi prônant la fin de l’austérité, et, de son côté, la présidente du Parlement grec, Zoé Konstantopoulou, a mis en place une commission d’audit de la dette publique du pays. Mais le temps presse. Les besoins en liquidités de la Grèce dans les prochaines semaines sont importants. Le prêt partiel de 4,1 milliards du FESF que le gouvernement espère obtenir fin avril est insuffisant pour maintenir l’État à flot. Mardi, le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, assurait qu’un accord des pays de la zone euro sur l’aide européenne à Athènes est possible dès cette semaine.