Droits rechargeables : le Medef joue la montre
Faute de pistes de financements tranchées, le syndicat patronal a reporté la réunion au sujet des droits rechargeables. Elle laisse ainsi perdurer une situation injuste pour 500.000 demandeurs d’emploi par an selon l’Unedic.
«Ils nous ont vendu l’amélioration et en réalité, ils veulent faire des économies» , dénonce Malika Zédiri de l’Association pour l’emploi, l’information et la solidarité des chômeurs et travailleurs précaires (Apeis). L’animatrice de l’Apeis réagit suite au report sine die, annoncé à la dernière minute par le Medef, d’une réunion qui devait se tenir au siège de l’organisation patronale pour corriger les effets indésirables des droits rechargeables des demandeurs d’emploi.
Les associations de chômeurs et précaires, ainsi que la CGT, ont pourtant tiré la sonnette d’alarme depuis plusieurs mois et exigé de trouver une solution d’urgence. Le sujet devait être débattu le 18 mars lors d’une réunion de l’Unedic composée des organisation syndicales et patronales gestionnaires.
«Le Medef cherche à rogner sur les indemnisations existantes pour financer les droits rechargeables. Nous, à la CGT, nous disons qu’un droit nouveau doit être financé par de nouvelles ressources» , explique Eric Aubin secrétaire confédéral de la CGT, en charge de l’Assurance chômage.
Or, le système actuel de droits rechargeables met des dizaines de milliers de demandeurs d’emploi dans une situation très pénalisante. De retour à Pôle emploi après une reprise d’emploi temporaire, les chômeurs doivent en effet épuiser leurs droits passés avant de toucher des indemnités calculés sur un salaire plus élevé. Une situation injuste et souvent ingérable qui fait que des chômeurs perçoivent des sommes calculées, par exemple, sur des salaires de job étudiant alors qu’elles ont des droits validés pour des emplois mieux rémunérés. Selon la CGT, qui invoque une note de l’Unedic parue en juin 2014, 500 000 personnes par an seraient lésées par le système.
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«C’est pas sérieux ! C’est pas sérieux de ne pas se presser sur des décisions qu’ils ont prises et qui ont des conséquences difficiles pour nombre de chômeurs et de précaires» , s’indigne Malika Zédiri. «J’ai 61 ans. De temps à autre, je fais quelques heures de contrats très précaires. Plus rien ne m’étonne avec le Medef» , ajoute Marie Lohrer, d’Agir contre le chômage et la précarité (AC!). Elle explique que les chômeurs sont «sans voix» et dépeint une situation allant en s’aggravant : «On appauvrit de plus en plus la population. On ne peut pas s’en sortir» .
Eric Aubin s’inquiète des critères préconisés par le Medef comme par exemple la proposition de fixer un seuil entre les indemnités et les nouveaux droits rechargeables. «Cela laisserait 400 000 personnes de côté» . Concernant la forme, le syndicaliste dit avoir «appris par mail» le report, et signale que les discussions se font sans la CGT selon les «nouvelles méthodes du Medef» .
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