Israël: Le centre gauche passe en tête dans les sondages
La coalition sioniste pourrait remporter les législatives du 17 mars sans être en mesure de former un gouvernement.
Un récent sondage , publié le 10 mars par la chaine de la Knesset (parlement israélien), donne la liste de centre gauche du Travailliste Itzhak Herzog et de sa colistière Tzipi Livni (photo) vainqueur des prochaines élections avec 24 sièges. Le camp sioniste (c’est son nom) devancerait le Likoud du premier ministre Benyamin Netanyahou crédité de 21 sièges. Selon la même enquête d’opinion, le parti centriste Yesh Atid pourrait être la « troisième force ». Après un début de campagne difficile, le parti de Yaïr Lapid, ex-ministre de l’Economie révoqué par Netanyahou en décembre dernier, a effectué une remontée spectaculaire dans les sondages et gagnerait 14 mandats aux prochaines élections, se plaçant ainsi en outsider.
Bien que l’alliance sioniste soit en tête des sondages, il ne faut pas oublier la spécificité du système électoral qui donne l’avantage à la coalition la plus large et non au partis recueillant le plus de sièges. Un total d’au moins 61 députés est nécessaire pour obtenir la majorité parlementaire. Si bien que, même en cas de victoire du tandem Herzog-Livni, Netanyahou, soutenu par les partis religieux, pourrait se voir confier la tâche de former le prochain gouvernement. Il réitérerait ainsi le scénario de 2013 où Livni, bien que sortie vainqueur des urnes, c’était le chef du Likoud qui était devenu premier ministre. Pour cela, Netanyahou aura besoin de l’appui du parti Koulanou, de Moshe Kahlon, et d’Israël Beitenou de l’actuel ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, l’homme qui vient de déclarer que « les Arabes israéliens qui sont contre nous méritent de se faire décapiter à la hache » …
Mais le président israélien, Reuven Rivlin , aurait laissé entendre, lors d’une rencontre avec des citoyens en visite à sa résidence, qu’il pourrait demander à Herzog et à Netanyahou de former un gouvernement d’Union nationale pour s’atteler à la réforme du système électoral qui favorise les coalitions instables formées avec l’aide des petites formations, ce qui suscite sa crainte de voir Israël se « transformer en Italie » , en référence à son instabilité politique endémique.
Cette hypothèse déboucherait sur une situation sans précédent de binationalisme au sein de la Knesset puisque la liste arabe, qui recueillerait 13 sièges selon le même sondage, prendrait alors la tête de l’opposition parlementaire. Le statut de leader d’opposition, reconnu par la loi constitutionnelle israélienne, confère entre autres le droit de présider certaines commissions parlementaires clés. Ce qui serait une première en Israël.
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