Russie : Juncker met de l’huile sur le feu
Le président de la Commission a tenu des propos maladroits.
dans l’hebdo N° 1344 Acheter ce numéro
Cela fait soixante ans que l’on en parle, toujours sans succès, et voilà que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, remet ça. Dans une interview au journal allemand Welt am Sonntag, il vient de relancer l’idée d’une « armée européenne […] qui permettrait de rationaliser les dépenses militaires ». Le problème, c’est que pour illustrer son propos Juncker n’a pas pris le meilleur exemple : « Une armée commune à tous les Européens, dit-il, ferait comprendre à la Russie que nous sommes sérieux quand il s’agit de défendre les valeurs de l’Union européenne. »
Une double faute. D’abord, le président de la Commission européenne met de l’huile sur le feu dans le conflit qui oppose l’Union à la Russie dans la crise ukrainienne. Et ensuite, c’est en pure perte, puisque d’armée européenne il n’y a pas, et il n’y aura pas avant longtemps. Et pour cause ! Des pays comme l’Allemagne n’ont aucune envie de déséquilibrer leur budget avec des dépenses militaires, même partagées. Berlin laisse ça à la France. De plus, Jean-Claude Juncker affirme que cela aiderait l’Europe à « mettre au point une politique étrangère et de sécurité commune ». C’est un peu comme croire que l’euro va faire converger les économies européennes… Thèse connue, qui a montré ses limites. En attendant, le subtil diplomate vient d’alimenter le discours de Poutine sur la menace occidentale. Car si l’armée européenne n’existe pas, l’Otan existe bien.