Amiante : Un produit toxique bien caché
Détecter l’amiante dans son logement, c’est partir à la recherche d’un redoutable cancérigène abondamment utilisé avant 1997.
dans l’hebdo N° 1351 Acheter ce numéro
Si on lit les recommandations sur la prévention du risque d’amiante des directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte), il n’y a pas de quoi être rassuré. Nous sommes les proies potentielles de ce « matériau miracle » amplement utilisé pour ses propriétés exceptionnelles. La roche naturelle transformée en fibre est un bon isolant thermique et phonique, très résistant au feu et aux produits chimiques, bon marché, facile à travailler. Ce qui fait que, malgré l’interdiction en France depuis le 1er janvier 1997 de la production et de la commercialisation de l’amiante, il reste des millions de tonnes de ce matériau disséminées dans les immeubles et les pavillons.
Comment savoir s’il y a de l’amiante ?
Depuis le 1er novembre 2002, le vendeur d’un logement dont le permis de construire est antérieur au 1er juillet 1997 doit annexer un constat de recherche d’amiante à la promesse de vente et à l’acte de cession définitif de son logement. Les propriétaires d’immeubles bâtis avant le 1er janvier 1997 ont l’obligation de réaliser un « dossier technique amiante », ils doivent faire procéder à un repérage des matériaux contenant de l’amiante par un technicien agréé. Le dossier doit être mis à la disposition des occupants de l’immeuble, des personnes qui y effectuent des travaux et des organismes de prévention. Cependant, les parties privatives des immeubles collectifs ne sont pas concernées.
Où est l’amiante ?
L’Institut de veille sanitaire (INVS) estime entre 68 000 et 100 000 le nombre de décès dus à l’amiante d’ici à 2050.
La prévision s’appuie sur les importations d’amiante en France, avec un taux de latence de trente ans, et sur l’interdiction de son utilisation survenue seulement à partir de 1997. Cette perspective tient compte de l’exposition de la population via le bâti existant, mais elle n’inclut ni les expositions liées au désamiantage ni l’impact des décharges sauvages d’amiante, et encore moins les opérations comme le remplacement des revêtements routiers contenant le matériau à risque.
L’InVS indique avec beaucoup de précautions qu’au vu de ses observations récentes « il semblerait que le pic des décès » ait été atteint en 2001. Il espère une stabilisation du taux autour de 2030.
A-t-on respiré ou non des fibres d’amiante ?
La question est souvent posée par les patients après un examen radiographique ou un scanner. « De la radio ou du scanner, on peut tirer beaucoup d’informations, sauf une : la présence ou l’absence d’amiante dans les poumons », répond Ban Asbestos France, association de défense des victimes de l’amiante, qui explique que les fibres d’amiante ont un diamètre trop petit pour être repérables par ces techniques. Or, il suffit d’un courant d’air ou d’un balayage pour que l’on respire ces fibres microscopiques mortelles. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), l’amiante est un « puissant cancérigène sans effet de seuil », capable de tuer les personnes qui inhalent quelques-unes de ces fibres après un temps de latence supérieur à vingt ans. Les maladies provoquées par l’amiante sont des fibroses endommageant l’appareil respiratoire et des cancers du poumon, de la plèvre (mésothéliome) et du larynx.
[^2]: « Bricolage dans votre logement, attention à l’amiante ! », février 2011, ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement.