Des amateurs au secours des scientifiques
De plus en plus d’associations sollicitent les citoyens pour participer à leurs programmes d’observation et de recherche.
dans l’hebdo N° 1351 Acheter ce numéro
Le Muséum national d’histoire naturelle vient de lancer un programme de recherches citoyennes sur la biodiversité du territoire français. Il s’appuie pour cela sur un double constat. D’abord, il n’existe plus suffisamment de chercheurs salariés de l’État pour évaluer ce territoire ; ensuite, des milliers de citoyens sont volontaires pour tenir la chronique des espèces végétales et animales présentes près de chez eux, qu’ils soient ruraux, banlieusards ou citadins, et ce sans forcément posséder de solides connaissances naturalistes. Les bourgeois et les aristocrates du XIXe siècle qui servaient de correspondants à cette institution créée en 1793 par un décret de la Convention sont désormais remplacés par les bénévoles de l’opération « 65 millions d’observateurs ». Pour les mêmes raisons, des associations de protection de la nature recrutent elles aussi désormais des volontaires. Souvent de simples amateurs que passion et participation transforment rapidement en scientifiques. C’est le cas de ceux qui suivront et alimenteront l’opération relancée par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), « Devine qui vient nicher chez moi », qui durera jusqu’à la fin septembre.
Fier d’avoir rassemblé 10 000 personnes pour observer les papillons, heureux d’en avoir réuni d’autres milliers pour répertorier escargots et limaces, la vie animale en bord de la mer, sauterelles ou plantes sauvages poussant dans les rues, le Muséum élargit sa quête à toute la France. L’écologue Benoît Fontaine, un des responsables de cette opération, précise qu’elle vise à mobiliser le grand public, « celui qui veut apprendre, savoir et aider ». Les scientifiques pensent accumuler des millions de données. Et dans quelques mois leur site donnera les résultats des observations aux participants.
www.vigienature.mnhn.fr pour les premières statistiques.
« Sur le site, explique Stéphanie Berens, les amateurs trouvent des fiches par espèce et, quand ils ont un doute, ils peuvent nous envoyer la photo de l’oiseau qu’ils ne parviennent pas identifier. Ils nous aident et apprennent en même temps. Plus il y a de participants, plus les résultats sont significatifs. Pour l’instant, nous recrutons surtout en Bretagne, sur le littoral Atlantique et en Alsace. » Le rôle de la LPO est d’organiser le travail des volontaires, de les sensibiliser à la nature vivante et ensuite de participer au travail scientifique du Muséum, qui, grâce à cette collecte de données, pourra dresser un portrait de la biodiversité française au plus près de sa réalité.
[^2]: enquetes.lpo.fr pour télécharger le questionnaire et participer au week-end d’observation collective des 30 et 31 mai ; jeu-ornithologie.fr pour participer au jeu Cui Cuizz sur les oiseaux ; www.oiseauxdesjardins.fr pour participer à l’Observatoire des jardins.