Disparition : Günter Grass (1927-2015)

Günter Grass a représenté la figure du grand écrivain allemand pour la seconde moitié du XXe siècle.

Politis  • 16 avril 2015
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Prix Nobel de littérature en 1999, Günter Grass est mort le 13 avril à Lübeck, où il résidait, ville de Thomas Mann, autre Nobel. Comme l’auteur des Buddenbrook, Günter Grass a représenté la figure du grand écrivain allemand, pour, le concernant, la seconde moitié du XXe siècle. Mais il n’en avait certainement pas le même style, dans son écriture comme dans son être même, ogre rabelaisien, rebelle aux solennités, intellectuel sans gêne toujours prêt à jeter un pavé dans la mare quant à l’histoire de son pays et de sa mauvaise conscience. Il incarnait d’ailleurs celle-ci à sa manière, lui qui était né en 1927, à Dantzig, dans le fameux corridor allemand en terres polonaises, objet de crispation à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, et qui s’était enrôlé à 17 ans dans les Waffen-SS, révélation qu’il fit tardivement dans Pelures d’oignon (2007). Le succès du Tambour  (1959), son roman le plus célèbre (adapté à l’écran par Volker Schlöndorff vingt ans plus tard) le propulsa sur le devant de la scène intellectuelle, où on l’entendit souvent tonner contre les méfaits du capitalisme, entretenant une relation complice avec les sociaux-démocrates quand son ami Willy Brandt était à leur tête, orageuse avec certains des successeurs de celui-ci. L’écrivain, méconnu en France, exige de son lecteur qu’il accepte de se défaire du réalisme habituel, pour entrer dans un univers de la démesure, souvent hanté par la mythologie et prodigue en rire cruel. Outre le Tambour, les Années de chien (1965), la Ratte (1987) et Toute une histoire (1995) font partie des romans les plus puissants.

Culture
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