GPA : interdire ou légiférer ?
Don ou marchandisation ? Chez les féministes de gauche, les divisions, souvent radicales, peuvent recouper des clivages existants sur la prostitution.
dans l’hebdo N° 1350 Acheter ce numéro
Don ou marchandisation ? Nouvelle étape dans la manière de « faire famille » ou prolongation d’un système séculaire d’utilisation du corps de la femme ? C’est en ces termes que se pose le débat sur la gestation pour autrui (GPA). Chez les féministes de gauche, les divisions, souvent radicales, peuvent recouper des clivages existants sur la prostitution. Une position majoritaire émerge cependant concernant la reconnaissance de l’état civil de l’enfant issu d’une GPA. Pour l’heure, la circulaire Taubira de janvier 2013 recommande de faciliter l’obtention de papiers d’identité française pour les enfants nés à l’étranger d’au moins un parent français, ce que tous les tribunaux ne font pas quand il s’agit d’une GPA. Et, en juin prochain, la Cour de cassation doit se prononcer sur la transcription de l’état civil des enfants dans cette situation.
Environ 200 enfants de parents français naîtraient chaque année d’une GPA à l’étranger. Et pas toujours dans de bonnes conditions… Si certains pays encadrent la pratique avec un souci de respect de la personne (voir p. 21 le récit d’un couple parti aux États-Unis), d’autres exploitent des femmes pauvres qui mettent leur utérus au service de couples riches.
Faut-il encadrer pour éviter les dérives ou interdire au nom de la non-patrimonialité du corps humain ? Faut-il tenir compte des pratiques existantes pour imaginer une GPA éthique, comme le défend ici la sociologue Irène Théry ? Ou préserver le corps d’un système capitaliste qui entend tout mettre à profit ?, rétorque la philosophe Ursula Del Aguila. Et peut-on tenir un débat serein sur un sujet qui touche au plus sensible : le corps maternel et l’intérêt de l’enfant ?
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