Grèce : La pression ne se relâche pas
Les difficultés s’accumulent pour l’État grec alors que les créanciers exigent un nouveau programme de réformes.
dans l’hebdo N° 1350 Acheter ce numéro
De nouvelles négociations entre la Grèce et ses créanciers auront lieu vendredi, à Riga (Lettonie), au sein de l’Eurogroupe, qui réunit les ministres des Finances de la zone euro. Cette réunion, qui ne sera pas la dernière, sera l’occasion de tancer de nouveau le gouvernement d’Alexis Tsipras après les consultations du 18 avril au sein du groupe de Bruxelles, composé de représentants du gouvernement grec, de l’Union européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI).
Athènes est sommé de présenter un programme de réformes, documenté et chiffré, destiné à débloquer la dernière tranche du programme d’assistance internationale à la Grèce, s’élevant à 7,2 milliards d’euros, pour permettre à celle-ci de faire face à ses obligations de paiement sur sa dette. La pression sur le gouvernement grec ne se relâche pas pour le remettre sur les rails de l’orthodoxie budgétaire exigée en particulier par la BCE et l’Allemagne. Athènes avait pourtant obtenu de l’Eurogroupe, le 24 février, un sursis de quatre mois en contrepartie d’une liste de réformes qui ne contenait qu’une concession : le fait de ne pas revenir sur les privatisations déjà effectuées. La liste ne mettait pas en cause les engagements de Syriza destinés à lutter contre la crise humanitaire, l’évasion fiscale et la corruption, et à remettre sur pied les administrations publiques. Cette liste avait été accueillie avec bienveillance par Bruxelles, qui y voyait « un point de départ valide » pour de nouvelles négociations en vue d’obtenir l’aide financière de l’Union européenne. Au fil des semaines, le ton s’est cependant durci, Mario Draghi, président de la BCE, exigeant des réformes « chiffrées », et indiquant que la réponse à la crise en Grèce est « dans les mains du gouvernement grec ». Autrement dit dans un changement de politique, car le groupe de Bruxelles réclame la poursuite des plans d’austérité et des mesures libérales, en particulier une réforme du système de retraites, une hausse de la TVA sur certains produits et la poursuite du programme de privatisations accompagné d’une dérégulation supplémentaire du marché du travail. Des « lignes rouges » qu’Athènes ne veut pas franchir.
Peu avare de menaces, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, un des plus virulents détracteurs de la politique d’Alexis Tsipras, a pour sa part jugé peu probable l’émergence d’un compromis lors de la réunion du 24 avril, et éloigne ainsi la perspective du versement de l’aide internationale alors que l’État grec est de plus en plus en difficulté. Le 20 avril, le gouvernement a annoncé la publication d’un décret rendant obligatoire le transfert des réserves de fonds des organismes publics et des autorités locales à la Banque centrale du pays pour couvrir « les besoins d’urgence de l’État, qui s’élèvent à 3 milliards d’euros pour les quinze prochains jours ». Un signe supplémentaire que le pays tente de surmonter l’absence de soutien financier mais que l’échéance d’un risque de défaut sur sa dette se rapproche. Face à cette situation, le gouvernement grec apparaît désormais partagé : les plus radicaux estiment nécessaire le recours à des élections ou à un référendum sur la sortie de l’euro si les négociations sont dans l’impasse, tandis qu’une frange croit encore possible un « compromis » qui maintiendrait la Grèce dans la zone euro.