Jean-Marie Le Pen : Le boulet du FN
Déjà sur la sellette pour ses déclarations, Jean-Marie Le Pen doit s’expliquer sur un compte suisse « caché ».
dans l’hebdo N° 1351 Acheter ce numéro
Jean-Marie Le Pen n’a pas fini de contrarier les plans de com’ de sa fille. Embarrassée par le legs idéologique de son paternel qu’elle ne peut solder, Marine Le Pen est également confrontée à son héritage fiscal. Selon Mediapart, le président d’honneur du Front national a, jusqu’à une date récente, « détenu un compte caché chez HSBC, puis à la Compagnie bancaire helvétique (CBH), à travers un trust » basé aux îles Vierges britanniques et « placé sous la responsabilité légale de son majordome, Gérald Gérin ». Selon le site d’information en ligne, ce compte était abondé à hauteur de 2,2 millions d’euros, « dont 1,7 million sous forme de lingots et de pièces d’or ». Ces informations ont été transmises au parquet de Nanterre par le service antiblanchiment Tracfin, alors qu’une enquête préliminaire est ouverte à Paris depuis la fin 2013 sur le patrimoine du fondateur du FN. Celui-ci avait déjà reconnu en avril 2013 avoir détenu un compte en Suisse ouvert à l’UBS en 1981. Et il fait par ailleurs l’objet d’une enquête judiciaire depuis fin 2013, qui porte sur un enrichissement suspect – évalué à 1,1 million d’euros –de son patrimoine entre 2004 et 2009.
De quoi entacher sérieusement l’image « mains propres et tête haute » que Jean-Marie Le Pen voulait donner de son parti d’extrême droite. Et que Marine Le Pen avait reprise sans retenue au lendemain des aveux de Jérôme Cahuzac. « Jean-Marie Le Pen n’a jamais fraudé le fisc », affirmait-elle le 4 avril 2013 sur LCI. Au nom de quoi, sans doute, elle réclamait, le 23 mars dernier, « une vraie politique contre la fraude au RSA ». Florian Philippot, confronté à ces informations, a déclaré qu’il ne pouvait « pas croire que cela soit vrai » et qu’il attendait, comme la présidente du FN, « des éclairages et des explications de Jean-Marie Le Pen ». L’ordre du jour du prochain bureau exécutif du FN, le 4 mai, s’annonce chargé. Initialement prévu le 27 avril pour décider d’éventuelles sanctions contre le fondateur du FN après la réitération de ses propos sur les chambres à gaz « détail » de l’histoire, suivis d’un entretien sulfureux à l’hebdomadaire Rivarol dans lequel il défendait le maréchal Pétain, ce rendez-vous a été reporté en raison des « difficultés de santé » du patriarche. Ces difficultés ne devraient toutefois pas l’empêcher de participer au défilé de son parti le 1er Mai, où il compte bien tester sa popularité auprès des militants.