Médicaments : le bénéfice de la transparence
Des spécialistes font la lumière sur différentes affaires liées à des traitements. Pour mieux évaluer la balance des risques.
dans l’hebdo N° 1348 Acheter ce numéro
Ils y sont tous ou presque. Tous ces médicaments qui se sont retrouvés au cœur d’une polémique ou d’un drame, ces dernières années : distilbène, Vioxx, Mediator, Gardasil, Diane 35… Ce qui fait d’abord de cet ouvrage une mine d’informations. Trente-deux spécialistes y synthétisent études, articles et arguments ayant trait à chaque affaire. L’objectif principal étant de faire la lumière sur des incompréhensions, idées reçues ou non-dits : les premières victimes du tabagisme passif sont les fumeurs eux-mêmes ; il n’y a pas de plus en plus de risques aujourd’hui de mourir du cancer ; le meilleur moyen de limiter les risques liés aux médicaments, c’est la transparence, etc. Il n’est surtout pas question dans cet ouvrage (les coauteurs déclarent leurs éventuels conflits d’intérêts) d’alimenter le scepticisme mais de contribuer à améliorer la prescription : la plus adaptée pour le patient, la moins chère pour la collectivité.
C’est la fameuse balance des risques qu’ils invitent à évaluer : vaut-il mieux prendre un risque avec un vaccin ou avec la maladie ? « Les vaccins sont utiles. Ils ont permis d’éradiquer les maladies (varioles, diphtérie). Ils ont souvent un double objectif : protection individuelle et protection collective. Ils peuvent contribuer à l’émergence de nouveaux sérotypes. Ils peuvent provoquer des effets secondaires… », résume un chapitre. Mais la dangerosité des vaccins relève de « croyances anciennes », et le vaccin contre l’hépatite B a été victime de « ragots sans fondement » l’accusant « d’entraîner des maladies immunitaires neurologiques, notamment des scléroses en plaques ». Jean-François Bergmann démonte le « fantasme » contre ce vaccin et décrète que le refuser est « aussi inconscient que de rouler sans ceinture ». Le manque d’études sur les liens supposés entre ce vaccin et le développement de la sclérose en plaques est connu. Cela relève-t-il de la rumeur pour autant ?
C’est un peu la limite de cet ouvrage : il prétend délivrer une vérité inédite. Mais cette vérité existe-t-elle ? « Il y a une vérité scientifique », garantit le professeur André Grimaldi ( Libération ). Mais la médecine n’est pas une science exacte. D’où l’importance de l’expérience, du praticien et des patients. C’est pourquoi le chapitre sur les vaccins reste moins convaincant que celui sur l’insomnie : celui-là fait état de divergences. Certes, l’objet du livre est de lever des doutes. Mais les patients sont confrontés en permanence à des désaccords entre des spécialistes en qui ils ont confiance. Plus encore que la vérité sur vos médicaments à un instant T, l’intérêt de ce livre est de donner à lire l’état des réflexions aujourd’hui.