De bonne humeur, demandais-tu ?
Où va-t-on si des gauchistes tolèrent l’idée que l’existence visible des mahométans puisse un jour être admise ?
dans l’hebdo N° 1353 Acheter ce numéro
L’autre jour, chais pas si tu te rappelles, je t’entretenais ici même d’un éditorial paru dans l’hebdomadaire décomplexiste Marianne [^2], dont l’auteur – l’inénarrable Jacques Julliard [^3] – déplorait [^4] qu’il y eût encore taaant de gens, Gontran, pour considérer qu’il n’était pas non plus complètement impossible que MM. Houllebecq ed [^5] Onfray, qui depuis moult années rivalisent (chacun selon ses propensions) dans l’art de déféquer depuis d’assez hautes hauteurs sur la religion musulmane (et, partant, sur ses adeptes), soient, au bout du compte, un tout petit peu islamophobes.
Et depuis, le même oppressant gars s’est de nouveau lâché. Pour se désoler, cette fois, dans un édito consacré à la défense-de-la-laïcité [^6], de ce qu’une partie de la « gauche » ait, je cite, « céd(é) à la pression de cette partie de la communauté musulmane qui entend conquérir une existence visible dans la société française, et surtout voir cette existence reconnue, avec des intérêts propres et peut-être demain des droits propres » – et où va-t-on, bordel de merde, si dorénavant des gauchistes exagèrent leur altruisme jusqu’à tolérer l’idée que l’existence visible des mahométan(e)s dans notre société puisse un jour être admise ? Et, tel(le) que je te connais, tu vas me dire que je ne devrais pas m’irriter pour si peu, pense donc à ta rate – et que si je me mets en tête de relever toutes les c… sottises de Jacques Julliard, on y sera encore en juillet, et on se fera très gravement chier. Et j’entends cela – mais n’y opine point, car il est à mon humble avis très significatif qu’un tel personnage, toujours nimbé de la réputation de gentil soc-dém cédétisé [^7] que lui a gagnée l’époque où il éditorialisait chez L’Obs, se débonde ainsi depuis quelque temps.
De mon point de vue, cela dit une époque, et au sein d’icelle une permissivité grosse, je le crains, si aucun holà n’y est mis, de lendemains dont la perspective devrait nous faire frémir : celle qui tolère, dans le moment précis où le gouvernement « socialiste » érige la lutte contre le racisme en « grande cause nationale », qu’une éditocratie toujours plus enhardie par la longue expérience de sa propre impunité retienne de moins en moins les coups qu’elle décoche quotidiennement ou presque contre une minorité – puis, le cas échéant, contre ceux, si peu nombreux, qui, comme Emmanuel Todd (à qui nous reviendrons la semaine prochaine), ont la témérité de pointer (et de dire) précisément le dégueulasse de ces procédés. De bonne humeur, demandais-tu ? Foutre non, camarade : le plafond est trop bas.
[^2]: D’ancienne date spécialisé dans la récitation du mantra que si ton agenda idéologique n’est pas celui, discrètement sécuritaire et phobique, que te dicte la Pen, tu fais le jeu de son parti.
[^3]: Qui éditocratise depuis l’époque, déjà un peu ancienne, où Godefroy de Bouillon s’embarquait pour Jérusalem.
[^4]: Parmi d’autres divagations limite hallucinées.
[^5]: Je parle italien, aussi, t’as vu.
[^6]: Reconnais que c’est pas non plus tout le monde qui ose aborder ces temps-ci des sujets aussi audacieux.
[^7]: « Cédétisé (adjectif) : qui regarde l’adhésion aux tortillages de fessier de la CFDT comme l’acmé de la folie progressiste. »
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.