Pollution : respirer tue
Alors que la pollution de l’air est établie comme un problème de santé publique de premier ordre, les gouvernements successifs reculent devant l’obstacle.
dans l’hebdo N° 1354 Acheter ce numéro
« Arrêtez l’obscurantisme ! Semeurs de peur ! » C’est Bernard Accoyer, député UMP, ancien président de l’Assemblée nationale, qui interrompt Jean-Louis Roumégas le 12 juin 2014. Le député écologiste interpellait la ministre de la Santé sur l’apathie du gouvernement devant « l’essor fulgurant », depuis vingt ans, des décès et maladies chroniques dues à des causes environnementales, notamment la pollution de l’air, dont les particules fines émises par le diesel, très nocives. Un an plus tôt, André Santini, maire (UDI) d’Issy-les-Moulineaux (92), obtenait le démontage de la station locale de mesure de la pollution de l’air, exaspéré par l’image donnée de sa ville par les « mauvais résultats » affichés. La gauche au pouvoir se distingue-t-elle de ces « visionnaires » de droite ? Pas sûr. Alors que la pollution de l’air est établie comme un problème de santé publique de premier ordre, dont l’impact économique sur les budgets est considérable, les gouvernements successifs reculent devant l’obstacle. En raison notamment du patriotisme industriel qui les pousse à soutenir les moteurs diesel. Résultat, la France est en retard d’une décennie sur les mesures de protection de la population qu’elle a votées au niveau européen. Pour Jean-Louis Roumégas, aujourd’hui co-rapporteur d’une mission d’évaluation et de contrôle des politiques publiques de lutte contre la pollution de l’air, « on fustige régulièrement les écologistes pour le coût des mesures réclamées », telle l’amélioration du matériel des associations de surveillance comme Airparif. « J’insisterai pour ma part, dit-il, pour que nous mettions en évidence le coût de l’inaction. »
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