Cavanna, jusqu’à l’ultime seconde, j’écrirai
Cavanna, François, si connu, si oublié.
Connu d’une génération, totalement oublié des suivantes.
C’est cette lacune que le documentaire des Robert, Denis et Nina, père et fille, voudrait combler.
Résultat réussi, on découvre un Cavanna qu’on a pu percevoir dans ses écrits, éventuellement, mais avec une toute autre dimension dans les interviews qu’il a faites en fin de vie, rongé par la maladie de Parkinson.
A travers ses amis, ses complices aussi.
Un Cavanna qui, comme le souligne le sous-titre, ne vivait que dans l’écriture.
On a beaucoup insisté sur le fils d’immigrés sans connaissances, « Les Ritals », on sait maintenant qu’il y a de très nombreux enfants d’immigrés pauvres qui ont pris l’ascenseur de l’éducation, et qu’ils sont légion ceux qui se sont éduqués aux sources de l’Éducation nationale.
Je trouve que le documentaire insiste beaucoup moins sur le libertaire, le citoyen politique qu’il était.
Le bémol du machisme
Et puis, mais ce n’était pas le but du docu, un tantinet hagiographique, pas un mot, jamais un mot, sur le machisme, le sexisme, la misogynie même, de tout temps, depuis Hara-Kiri jusqu’à aujourd’hui.
Pire, lors des échanges après le film, Nina Robert a commencé à dire que, contrairement à ce qu’on soutenait, Charlie était féministe !
Après un « Oh » réprobateur que je n’ai pu retenir, elle a poursuivi et commencé à dire que grâce à Charlie les femmes avaient pu se dévergonder !
Quel mépris pour les femmes ! Se « dévergonder » serait donc un signe de féminisme ? Les femmes ont eu besoin qu’on les mette à poil, en permanence, qu’on les montre soumises aux hommes, qu’elles soient l’objet des hommes pour exister ? Les femmes doivent être exhibées par les hommes pour les hommes et leurs besoins personnels, pour revendiquer leur droit au sexe, à elles, pour elles ? Exhibées sans jamais que ne soit considérés leurs propres besoins en matière de sexe ?
Elle n’est pas choquée la coréalisatrice que le cerveau des femmes n’apparaisse jamais, ou en filigrane, dans Charlie ?
Et bien non, rien ne la choque dans tout cela, c’est même son monde idéal de féminisme, à 27 ans en 2015.
Un grand moment de servitude volontaire !
Val et Malka : un tournant dans Charlie hebdo
Un point inattendu de ce documentaire est le voile soulevé sur l’époque Philippe Val, directeur dictateur psychorigide de Charlie Hebdo, et Richard Malka, avocat retors (pléonasme ?), malhonnêtes, faisant un montage technique basé sur des témoignages mensongers pour que soient récupérés les droits du nom Charlie Hebdo au bénéfice de qui n’en avait aucun droit.
Le même Richard Malka qui, après la tuerie du 7 janvier 2015, se pavanait dans tous les médias, devenant, de facto, le porte parole de Charlie, qui rend hommage à ces « amis, cette famille que je m’étais choisie depuis 22 ans » mais qui ne parle que des quatre dessinateurs les plus connus du grand public.
Pour se souvenir qu’il y a des gens qui ont des valeurs, eux, il faut voir ce documentaire.
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