Italie : Sévère avertissement pour Renzi
Avec cinq régions sur sept, le pâle Parti démocrate remporte une victoire électorale en trompe-l’œil.
dans l’hebdo N° 1356 Acheter ce numéro
L’Italie fut longtemps un pays où l’abstention était extrêmement faible, la mémoire de la dictature fasciste expliquant cet attachement au vote depuis 1945. Depuis une quinzaine d’années pourtant, la participation diminue régulièrement, signe du fossé croissant entre la classe politique et les électeurs. Mais jamais scrutin n’avait recueilli aussi peu d’adhésion que ces élections régionales et communales partielles du 31 mai, où près d’un électeur sur deux ne s’est pas déplacé.
Les résultats bruts – cinq régions remportées sur sept – donnent une nette victoire au Parti démocrate (PD, centre-gauche), et sont apparus a priori comme un succès pour Matteo Renzi, le très social-libéral Président du conseil. En fait, le Parti démocrate a perdu près de deux millions de voix par rapport aux élections européennes, dernier scrutin en date. Surtout, dans ses bastions du Centre, appelées « régions rouges » au temps du PCI, Toscane et Ombrie, l’abstention atteint des niveaux inédits et les candidats reconduits sont, au sein du PD, particulièrement éloignés du courant de Matteo Renzi. De même, en Campanie (seule Région reprise à la droite) et dans les Pouilles, les élus, respectivement le maire de Salerne, ancré à gauche, et celui de Bari, ancien magistrat anti-corruption, sont des personnalités tout à fait atypiques au sein du parti. Enfin, en Ligurie, la candidate soutenue par le Président du Conseil, qui avait battu aux primaires l’ancien dirigeant de la CGIL (équivalent de la CGT), Sergio Cofferatti, qui l’a accusée de fraude et a présenté une liste dissidente sur sa gauche, est battue largement par un berlusconien, considéré pourtant de faible envergure dans son propre camp. À droite, Forza Italia semble poursuivre sa déconfiture, incapable d’emmener une succession au Cavaliere vieillissant, et c’est la Ligue du Nord qui gagne, seule, à la majorité absolue (et avec une liste dissidente qui recueille pas moins de 15 % des voix), la Vénétie. Ce parti, en passe de devenir hégémonique à droite, s’est allié à des néofascistes affirmés et se veut désormais un parti national, non plus autonomiste, mais anti-immigrés, anti-Roms et anti-européen.
En somme, avec 26 % des voix (contre 41 % quand Renzi est arrivé au pouvoir), le PD doit s’inquiéter à la fois de la recomposition actuelle de la droite et de ses divisions internes, surtout la gauche du parti, qui supporte de moins en moins la politique libérale menée sans état d’âme par le Président du Conseil.