Les charognards

Denis Sieffert  • 26 juin 2015 abonné·es
Les charognards
© Photos: KENZO TRIBOUILLARD / AFP PHILILPPE HUGUEN / AFP CITIZENSIDE/ERICK GARIN / CITIZENSIDE.COM

On ne savait encore que très peu de choses sur l’attentat de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) où un homme a été retrouvé décapité dans une usine, du groupe américain Air Products, et où deux personnes ont été blessées après l’explosion d’une voiture, que déjà l’exploitation politique commençait. Le trio Sarkozy-Le Pen-Estrosi (on ne sait plus très bien dans quel ordre les citer) a aussitôt ouvert les hostilités.

Plutôt que d’exprimer de la compassion (c’est ce qu’on fait en général quand on ne sait rien), Sarkozy est passé à l’offensive : « Depuis janvier, rien n’a été fait ! » Préposé aux basses œuvres, Christian Estrosi, maire de Nice, a dénoncé une « cinquième colonne sur notre territoire » . Et Marine Le Pen a demandé « des mesures fermes et fortes pour que l’on terrasse l’islamisme » . « Il faut terrasser la bête fondamentaliste » , a surenchérit Florian Philippot. Quant à Eric Ciotti, il a vu dans cet événement la confirmation de « l’impérieuse nécessité du projet de loi de renseignement » . Or, les mobiles de l’attentat étaient loin d’être clairs au moment où les charognards de notre classe politique ont imaginé comment ils allaient pouvoir faire fructifier le crime à leur profit.

Un peu plus tard, les enquêteurs révélaient que la victime était le patron du terroriste présumé, Yassin Sahli. Si bien que la part de l’attentat terroriste et celle du règlement de comptes n’étaient pas vraiment établies. Même si Sahli avait été fiché en 2006 comme ayant été en lien avec la « filière salafiste ». Une fiche qui n’avait pas été renouvelée depuis 2008.

Politique
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