Les réacs de gauche
Caroline Fourest, Philippe Val, Michel Onfray ou Élisabeth Badinter – pour ne citer que les plus connus – ont déboulé dans les médias de la France de « l’après-Charlie ».
dans l’hebdo N° 1357 Acheter ce numéro
Ils saturaient déjà l’espace public, les attentats des 7 et 9 janvier leur ont donné une nouvelle caisse de résonance. Caroline Fourest, Philippe Val, Michel Onfray ou Élisabeth Badinter – pour ne citer que les plus connus – ont déboulé dans les médias de la France de « l’après-Charlie ». Ici à la faveur d’un débat sur la liberté d’expression, là sur le voile à l’université ou l’homophobie… Qu’ont en commun ces « intellectuels médiatiques » ? D’être de gauche – de le prétendre du moins –, mais de proposer une lecture du monde souvent bien éloignée des valeurs d’accueil, de compréhension de l’autre et de fraternité. Convaincus que le choc des civilisations est en marche, ces Cassandre ont un combat : la préservation de l’identité « occidentale », voire « française ». Mais leurs nobles aspirations à défendre la laïcité, l’émancipation des femmes ou la liberté d’expression cachent des méthodes moins glorieuses. Elles consistent à désigner toujours les mêmes ennemis : l’islam d’abord, la gauche « communautariste » ensuite – dont Politis ferait partie, estimait récemment Marianne dans un dossier consacré aux « complices de l’islamisme ». Mais aussi les sciences sociales qui, en essayant de « comprendre » les phénomènes sociaux, « excuseraient » les fauteurs de troubles. Relayé en continu dans les grands médias, dont la responsabilité doit être interrogée, cet argumentaire a pour effet de détourner des vrais maux de notre société : le chômage de masse, l’accroissement des inégalités, la crise européenne ou le marasme politique actuel dont ces « réacs de gauche » sont des produits autant que des producteurs. « Il faut appeler un chat un chat », plaident-ils, persuadés (accordons-leur d’être de bonne foi) que reprendre à leur sauce les thèmes mortifères de l’extrême droite constituera un rempart au vote FN. On serait, hélas, plutôt persuadé du contraire…
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