Migrants : débattre pour mieux les connaître
Le musée de l’histoire de l’immigration organise une série de débats. Le premier avait pour but de mieux cerner qui sont les « damnés de la mer » qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie.
L’immigration n’est pas qu’une histoire de chiffres et de statistiques. C’est avant tout des histoires humaines et personnelles. Les participants au débat organisé par le musée de l’histoire de l’immigration, vendredi 19 juin, ont tenté de dresser le portrait des migrants qui, aujourd’hui, sont au cœur de l’actualité.
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Premier point mis en avant : les conditions de vie déplorables et insupportables que fuient les migrants. « Le drame humain ne se concentre pas uniquement en mer Méditerranée, il commence dès le début de leur périple » , affirme Camille Schmoll, géographe et maître de conférence à Paris VII.
« Les migrants n’ignorent pas les risques de leur voyage, mais rien ne les arrêtera. On peut dresser des murs ou vider la mer, ils y arriveront toujours » ajoute Carine Fouteau, journaliste à Médiapart et spécialiste du sujet de l’immigration.
Contrairement aux idées reçus, les migrants clandestins sont, pour la plupart, issus de la classe moyenne de leur pays d’origine car les plus pauvres ne disposent pas des moyens financiers nécessaires pour aller aussi loin. Un migrant paie en moyenne entre 4000 et 5000 euros pour voyager. Afin de rassembler une telle somme, ces personnes sont très souvent contraintes de vendre tous leurs biens, de s’endetter et ont parfois recours à la prostitution.
Carine Fouteau s’attaque à un autre préjugé en rappelant que les immigrés ne sont pas des illettrés. L’immense majorité a bénéficié d’une formation et dispose d’un important « bagage intellectuel » . Et Camille Schmoll d’ajouter que « le fait que ces personnes soient des victimes ne doit pas nous empêcher de voir toutes les ressources dont elles disposent et leur persévérance » . Des qualités qui peuvent contribuer au développement de leur pays d’accueil tout en favorisant leur épanouissement personnel.
Pour l’historien Benjamin Stora, toutes ces informations doivent être prises en compte par la société française et européenne pour mieux connaître les migrants et trouver les solutions idoines.
L’Europe face à l’immigration
L’immigration n’est pas un fait nouveau en France rappelle Benjamin Stora en évoquant les vagues d’Espagnols et d’Italiens venues se réfugier dans l’Hexagone au cours du siècle dernier. « La différence aujourd’hui, c’est que ce phénomène est beaucoup plus médiatisé. Pour les décideurs politiques, la question de l’immigration prend alors une toute nouvelle dimension » .
Camille Schmoll remarque que les crises migratoires sont de plus en plus fréquentes depuis « que l’Union européenne a fait de la mer Méditerranée une frontière. Pour renforcer le développement de la mobilité interne, elle a fermé ses frontières externes » .
Le président de France Terre d’Asile , Pierre Henry, déplore le refus d’anticipation de la part des autorités. Selon lui, il est temps de se poser la question suivante : « La France est-elle prête à envisager l’idée d’un camp de réfugiés sur son territoire » . Si oui, « de nombreuses normes doivent être appliquées » .
Que faire ?
Difficile d’apporter une solution concrète. Au cours du débat, seules des pistes de réflexion ont été évoquées. Pierre Henry souligne l’importance de « prévenir l’immigration » en travaillant avec les pays sources, de « sauver les vies en Méditerranée » et de faire preuve de « solidarité en protégeant les réfugiés » .
L’ensemble des intervenants s’accordent à dire qu’il faut contrer les discours anti-migration comme ceux que tient Nicolas Sarkozy en comparant la situation à une fuite d’eau. Pour Benjamin Stora, « le sentiment de peur face à l’immigration à toujours existé. Il faut inverser cette tendance et montrer qu’il ne s’agit pas d’une invasion » .
D’autres débats suivront celui-ci en étant plus axés sur les rapports entre immigration et guerre, réfugiés et travail.
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