Insolence et libertinage dans le « off »

Pédagogie de l’échec, de Pierre Notte

C’est un auteur au style insolent et virevoltant. Pierre Notte nous surprend d’une pièce à l’autre, tout en ayant un style : une ironie aux multiples inflexions, comme les chansons qui s’y glissent à tout moment. Et un clin d’œil au théâtre de l’absurde. Une entreprise est victime d’un cataclysme qui a transformé les bureaux en ruines dressées sur le vide. Un chef de service et une employée continuent à travailler. C’est quasiment la fin du monde, mais les rapports hiérarchiques – le patron est odieux, la secrétaire obéissante – demeurent jusqu’à ce qu’ils deviennent tout à fait impossibles. On n’attendait pas Alain Timár sur ce registre. Il s’y attelle avec beaucoup d’humour et un décor technique dont la teneur de plus en plus vertigineuse permet à de jeunes acteurs, Olivia Côte et Salim Kechiouche, d’être audacieux dans un texte mineur dans l’œuvre de Notte, mais plaisant.

Théâtre des Halles, 17 h, tél. : 04 32 76 24 51. Texte à l’Avant-scène théâtre.

Les Liaisons dangereuses, de Laclos

Anne-Marie Philipe orchestre la rencontre de jeunes comédiens (pour la plupart) avec un texte qui semble appeler d’abord la maturité, la maîtrise savante du libertinage. C’est ce qui séduit ici : cette jeunesse interprétant ce ballet de la perversion, de la manipulation, de la trahison et du plaisir. Valmont est joué par un acteur aguerri, Anatole de Bodinat. La marquise de Merteuil par une jeune comédienne à la présence singulière, Gwendoline Mousset. Le texte est adapté du roman de Laclos en passant par la version théâtrale de Christopher Hampton et la traduction de Jean-Claude Brisville. Cela ne donne pas toute la matière romanesque, mais un matériau dramatique dont la troupe s’empare avec un bonheur neuf et subtil.

Le Chêne Noir, tél. : 04 90 86 74 87, jours et heures variables.