L’amour, un idéal toujours vivace
On n’a jamais eu autant foi en l’amour pour nous arracher à notre quotidien de travailleurs essorés, pour transcender nos amitiés insatisfaisantes et nos vies de famille chaotiques…
dans l’hebdo N° 1363-1365 Acheter ce numéro
Certes, tout le monde n’est pas André Gorz. En 2007, le philosophe, sachant son épouse condamnée, se suicide avec elle pour ne pas lui survivre. Si l’histoire de Roméo et Juliette n’a pas pris une ride dans l’imaginaire collectif, mourir par amour – comme mourir d’amour – ne fait certainement plus partie des aspirations contemporaines.
Il n’empêche : dans ce monde de rationalité économique, débarrassé de la magie et du religieux, dans ce monde « désenchanté », dirait Max Weber, l’amour romantique a pris une place pour le moins singulière. Comme tout ce qui relève du « sacré », cette catégorie si bien analysée par le sociologue Roger Caillois, il se prémunit contre l’esprit d’examen, se soustrait à la discussion, se place « en dehors et au-delà de la raison ».
Ou, pour le dire autrement : on n’a jamais eu autant foi en l’amour pour nous arracher à notre quotidien de travailleurs essorés, pour transcender nos amitiés insatisfaisantes et nos vies de famille chaotiques… Bien que puisant ses racines dans le terreau occidental, cet idéal de l’amour absolu et salvateur aurait commencé à conquérir le monde, estime la géographe Nadine Cattan. Le succès international des productions culturelles sur le sujet nous pousse de même à penser que le fantasme s’universalise. Il n’a en tout cas rien perdu de sa modernité : voir ces incorrigibles romantiques qui font le choix de se passer des sites de rencontres, ou ces amants transis pour qui le clavier du téléphone portable a remplacé la plume sans rien enlever à leur inspiration.
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