L’usage des flash-balls bientôt interdit ?

Lauriane Clément  • 22 juillet 2015 abonné·es
L’usage des flash-balls bientôt interdit ?
© Photo : PATRICK HERTZOG / AFP

Des voix s’élèvent enfin contre l’usage abusif des flash-balls ! Le Défenseur des droits Jacques Toubon a formellement recommandé l’interdiction de flash-balls lors des manifestations. « Il est manifeste que le flash-ball n’est pas une arme véritablement adaptée au maintien de l’ordre » , a t-il assuré dans une décision rendue publique le 21 juillet. Selon lui, l’utilisation de cette arme de force intermédiaire doit également être encadrée lors de contrôles d’identité ou routier. En ligne de mire : son imprécision ainsi que la gravité des lésions qu’elle peut provoquer. Jacques Toubon dénonce notamment la formation insuffisante au maniement de ces armes.

En dehors de cette recommandation, le Défenseur des droits invite à organiser un moratoire général sur l’usage du flash-ball pour les policiers, gendarmes, polices municipales et administration pénitentiaire, quel qu’en soit le contexte.

Jusqu’à présent, Jacques Toubon avait seulement recommandé de ne pas utiliser le flash-ball lors de manifestations publiques « hors cas très exceptionnels » définis « strictement » . Des réserves peu prises en compte par l’instruction. En effet, les nouveaux cadres d’emploi de ces armes diffusés en septembre 2014 ne permettent pas « de prévenir le renouvellement de certains manquements à la déontologie et de garantir le droit des personnes au respect de leur intégrité physique » , selon le rapport du Défenseur des droits. D’où l’intérêt d’adopter une nouvelle recommandation générale pour rappeler leur danger.

Preuve en a été faite il y a quelques jours. Dans la nuit du 13 au 14 juillet à Argenteuil (Val-d’Oise), un adolescent de 14 ans a été blessé au niveau des parties génitales par un tir de flash-ball. Il serait la victime collatérale d’une course-poursuite de policiers avec un groupe de jeunes qui leur jetaient des mortiers. Jacques Toubon s’est immédiatement saisi de cette affaire. Rien qu’entre 2013 et 2014, le Défenseur des droits a d’ailleurs été saisi de sept dossiers liés à des blessures « graves ou infirmité permanente » provoquées par des tirs de flash-balls.

Reste à espérer que cette recommandation soit écoutée. Conformément à l’article 25 de la loi organique n° 2011-333 du 29 mars 2011, le ministre de l’Intérieur doit faire connaître les suites qu’il donnera à ces recommandations dans un délai de deux mois.

Police / Justice
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

La condamnation de Marine Le Pen est celle d’un système
Justice 31 mars 2025 abonné·es

La condamnation de Marine Le Pen est celle d’un système

Le tribunal de Paris, en condamnant la patronne du RN, son parti et 22 autres élus, permanents ou prestataires, atteste l’existence d’une combine illégale : la prise en charge par le Parlement européen de salaires qui incombaient au FN a enrichi frauduleusement le parti d’extrême droite et provoqué une rupture d’égalité avec les autres formations politiques.
Par Michel Soudais
Torture : Amnesty dénonce les dérives du Taser
Armement 6 mars 2025 abonné·es

Torture : Amnesty dénonce les dérives du Taser

Arme controversée du maintien de l’ordre, le Taser est régulièrement présenté comme une alternative non létale aux armes à feu. Pourtant, un rapport accablant de l’ONG révèle son utilisation massive comme acte de torture à travers le monde.
Par Maxime Sirvins
Mort de Nahel : le parquet et la formation policière confirment un tir hors cadre
Récit 4 mars 2025 abonné·es

Mort de Nahel : le parquet et la formation policière confirment un tir hors cadre

Le parquet de Nanterre a requis, mardi 4 mars, un procès pour meurtre contre le policier Florian M., auteur du tir ayant tué Nahel Merzouk. Il considère que le policier n’était pas en situation de légitime défense et que son tir constitue une « prise de risque inconsidérée ».
Par Maxime Sirvins
Mort de Rémi Fraisse : la CEDH condamne la France
Rémi Fraisse 27 février 2025

Mort de Rémi Fraisse : la CEDH condamne la France

Plus de dix ans après la mort de Rémi Fraisse, la Cour européenne des droits de l’homme a reconnu que l’État français avait violé le droit à la vie en raison d’un encadrement insuffisant du maintien de l’ordre. Une décision inédite qui rappelle la nécessité d’une réforme en profondeur des pratiques policières.
Par Maxime Sirvins