Pour l’achat d’un aéroport, un TGV offert
Publié le 6 juin, un avis du ministère de l’Écologie valide un coûteux projet ferroviaire pour desservir le futur aéroport.
dans l’hebdo N° 1362 Acheter ce numéro
L’issue du débat public autour des liaisons nouvelles ferroviaires Ouest Bretagne-Pays-de-la-Loire (LNOBPL) ne laisse aucun doute sur la volonté du gouvernement de lancer la construction du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Un avis du ministère de l’Écologie, publié au Journal officiel le 6 juin, indique qu’une nouvelle liaison ferroviaire intégrera « la thématique de la desserte de l’aéroport du Grand Ouest ». Il s’appuie sur une décision de SNCF-Réseau (ex-Réseau ferré de France), le maître d’ouvrage du projet, prise au mois de mai.
La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) fait la sourde oreille en ce qui concerne l’actuel aéroport Nantes-Atlantique et la révision de son plan de gêne sonore (PGS). L’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (Acnusa) lui réclame une révision du PGS « dans les plus brefs délais ». Dans son récent rapport annuel, l’Acnusa relève que l’actuel PGS « protège assez largement des zones d’habitation qui ne sont pas concernées » et estime que « l’hypothétique mise en service de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne justifie pas le maintien d’une telle pression sonore sans en atténuer les effets ». Mais revoir à la baisse le PGS met à mal un des principaux arguments pour Notre-Dame-des-Landes…
Les conclusions formulées dans les expertises complémentaires précisent que, sans la réalisation de la desserte, « aucun des scénarios ne serait économiquement rentable ». En clair, pour être viables, les projets d’aéroport et de liaison ferroviaire sont économiquement indissociables. Et leur coût est faramineux. La facture est estimée de 3 à 4 milliards d’euros (chiffres de 2012) pour la création de lignes nouvelles et de la desserte de l’AGO. Sans oublier « qu’il n’y a pas d’analyse fine en matière environnementale. Cette question ne fait pas partie des choix envisagés, alors que c’est un enjeu fort puisque le site est d’une richesse écologique remarquable », ajoute Françoise Verchère. Le choix de retenir la desserte de l’AGO est le signe que le gouvernement souhaite rendre irréversible la construction du nouvel aéroport international. « On n’imagine pas que le gouvernement se lance dans ces dossiers deux mois avant la COP 21 [Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, prévue du 30 novembre au 11 décembre à Paris]. Cela serait stupéfiant ! », réagit Françoise Verchère.