Un nouveau départ pour Charlie Hebdo

Après les tensions, place à l’apaisement. En avril, les dissensions internes à Charlie Hebdo pouvaient laisser craindre une implosion. Formés en collectif, certains salariés, dont Zineb El Rhazoui, Luz, Philippe Lançon et Patrick Pelloux, dénonçaient dans une tribune « le poison des millions » et l’opacité des décisions au sein de la direction, réclamant une structure plus collégiale. Devant les 30 millions d’euros reçus en aides, dons et ventes, beaucoup plaidaient pour une nouvelle gouvernance.

Voilà qui devrait rassurer une rédaction en reconstruction : Charlie va adopter le nouveau statut d’entreprise solidaire de presse, qui impose de réinvestir dans l’entreprise au moins 70 % des bénéfices annuels. Les actionnaires ont aussi décidé de bloquer les 30 % restants sans se verser aucun dividende. Ce statut, créé par une loi du 17 avril, interdit notamment toute prise de participations par un tiers. Seuls les collaborateurs de Charlie pourront détenir des actions. Actuellement, le journal est détenu à 70 % par Riss et 30 % par son directeur financier, Éric Portheault (tous deux ont racheté les 40 % que détenaient les parents de Charb). « Avec 100 000 exemplaires et 210 000 abonnés, a confié Riss, le journal vend suffisamment pour avoir une trésorerie positive, mais nous allons avoir de nouveaux coûts de sécurité. » En effet, en octobre, l’hebdo emménagera dans de nouveaux locaux ultra-sécurisés. Avec une nouvelle maquette en préparation, il lui faudra aussi trouver de nouveaux dessinateurs.