Disparition : Solveig Anspach

La cinéaste Solveig Anspach est morte au cœur de l’été. C’était le 7 août, elle avait 54 ans. Tuée par la récidive d’un cancer qui s’était déclaré la première fois à la fin des années 1990, et dont elle avait fait la matière de son premier film de fiction, Haut les cœurs ! (1999), avec Karin Viard, qui avait valu à celle-ci le César de l’interprétation. Solveig Anspach, née en 1960 en Islande, de mère islandaise et de père autrichien s’étant exilé aux États-Unis pour fuir le nazisme, a tourné certains de ses films, complètement ou en partie, sur son île natale, comme le beau Stormy Weather (2003). Se situant aux confins de plusieurs cultures, elle induisait, partout où elle posait sa caméra, une ouverture au monde qui chez elle était essentielle et se retrouve dans ses nombreux documentaires ( Bistrik Sarajevo, Made in USA …). Solveig Anspach ne goûtait guère les conventions, les idées compassées et les tristes sires. Elle aimait, au contraire, la singularité et la fantaisie. Pour toutes ces raisons, Queen of Montreuil (2013), avec Florence Loiret-Caille et Didda Jonsdottir, l’un de ses films les plus réussis, est aussi celui qui lui ressemble le plus. Après Lulu femme nue (2014), où elle a retrouvé Karin Viard, film qui déploie son regard doux et féministe sur les femmes, que ce soit les actrices ou les personnages, elle a eu la force de mener à bien un nouveau projet, achevant ainsi une trilogie drôle et poétique comprenant Back Soon (2008), Queen of Montreuil et, donc, l’Effet aquatique. Nous irons voir ce film début 2016, avec à l’esprit le courage dont a fait preuve Solveig Anspach face à la maladie, cinéaste tenace et attachante, espiègle et talentueuse.