Le meilleur de la rentrée ( « À flux détendu »)

La rentrée est désormais moins un motif mélancolique qu’un label commercial.

Christophe Kantcheff  • 26 août 2015
Partager :
Le meilleur de la rentrée ( « À flux détendu »)

Alors rentrons. C’est le mot à la mode en cette période. Même si pour certains, de plus en plus nombreux, il n’y a pas eu cet été de sortie (du boulot qu’ils n’ont pas, de chez eux pour la plage ou les pays lointains…). Mais la rentrée est désormais moins un motif mélancolique –  « Que c’était bien les vacances !… »  – qu’un label commercial. Exemple : la rentrée « littéraire », qui voit fleurir de multiples listes des « meilleurs romans » de l’automne comme autant de conseils d’achat. Chaque rentrée voit ainsi s’établir des comices agricoles où l’on soupèse les mérites de poulains tout frais livrés en librairie, selon des critères – le poids médiatique, le petit scandale judiciaire, l’excitation people, les bonnes relations avec tels éditeurs… – tous, bien sûr, éminemment littéraires. Nous ne ferons pas de liste des « meilleurs romans » dans ces pages, même si bien entendu nous traiterons de livres qui sortent ces jours-ci (comme celui de Mathieu Riboulet, voir ici), parce qu’une œuvre littéraire n’est pas une copie d’écolier et que nous laissons cela aux guides de consommation culturelle. Tout de même, j’avoue m’être délecté cet été de l’un des « meilleurs essais » non pas de la rentrée mais sur la rentrée politique. Lisez plutôt ce passage où l’auteur commente un article de journal qui fait l’éloge de la République française : « On a oublié, écrit-il, que la république sera toujours soupçonnée. Et que le président n’a pas une seule idée politique hormis le “ j’y suis j’y reste”. Et il est dit qu’il en sera ainsi éternellement pour la France, que chaque gouvernement doit avant tout se soucier de son installation et de son enracinement et, par conséquent, seule la moitié de ses forces peut être employée pour la France, et le reste pour lui-même. » Ces mots, datés de 1875, sont extraits des Carnets d’un des « meilleurs auteurs » de tous les temps : Fiodor Dostoïevski.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don