Sandrine Rousseau : « Chercher le plus de voix possible »
Tête de liste aux régionales, Sandrine Rousseau justifie sans détour sa stratégie.
dans l’hebdo N° 1366 Acheter ce numéro
Aux journées d’été de Villeneuve-d’Ascq, Sandrine Rousseau était chez elle. Universitaire, membre des Économistes atterrés, la porte-parole nationale d’EELV conduit la liste des écologistes dans la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Pourquoi feriez-vous alliance avec tout ou partie du Front de gauche ?
Sandrine Rousseau : On est dans une stratégie d’alliance sur le fond qui vise à présenter un programme cohérent pour la région. Nous avions proposé une réunion avec le PS et le Front de gauche. Le PS ayant décliné l’invitation, nous travaillons à cette alliance avec le Front de gauche, en bonne intelligence, avec toutefois des réticences des uns et des autres. Ce serait en effet la première fois que l’on partirait ainsi au premier tour. Nous avons des désaccords, notamment sur l’énergie, mais il y a une volonté de part et d’autre d’avancer. Nous travaillons néanmoins à un accord plus large qu’un simple accord de partis ou uniquement EELV-Front de gauche, qui débouche sur une liste citoyenne. Des présidents et responsables d’associations ont manifesté le désir de nous rejoindre. L’idée, c’est de rassembler tous ceux qui veulent faire de cette région un modèle en matière sociale et écologique, et surtout une région qui cherche des solutions.
Est-il possible de s’entendre avec le PCF sur le nucléaire ou la dénonciation du productivisme ?
Au conseil régional, où j’étais vice-présidente en charge de la recherche, j’ai travaillé avec Bertrand Péricaud, le président communiste de la commission économique, pour monter une filière de démantèlement du nucléaire. Il y a là une base de travail sur la création d’emplois liés au démantèlement du nucléaire qui peut nous permettre d’aboutir. Le chef de file du PCF, Fabien Roussel, qui est venu à des ateliers auxquels on l’avait invité, a dit qu’il était favorable à la sortie du nucléaire. Il n’y a jamais eu de déclaration aussi forte du PCF sur ce sujet dans notre région, donc on avance. Le productivisme est plus difficile à définir, mais, sur notre programme de transformation écologique et sociale, l’idée que l’on préserve l’humain et la planète, qui constitue le cœur de notre modèle de développement, nous n’avons pas rencontré d’opposition du PCF.
Des responsables d’EELV vous accusent de favoriser le FN en divisant la gauche. Que leur répondez-vous ?
Notre responsabilité et notre devoir consistent à aller chercher le plus de voix possible d’électeurs qui se sentent proches des idées de gauche et écologistes. Aujourd’hui, on ne peut pas les mobiliser sur un projet unique à gauche. Quand on l’a fait, aux cantonales ou aux municipales, on a bien vu qu’une partie d’entre eux ne s’est pas mobilisée ; ils estiment que c’est toujours la même politique, les mêmes discours et que ça n’avance pas. Là, on va leur proposer un projet différent, concurrent. Un projet de rupture et d’innovation massive en matière d’environnement et de social. Notre responsabilité est qu’au soir du premier tour les forces de gauche rassemblées totalisent beaucoup plus de voix que le FN ou Les Républicains, et que la région reste ce qu’elle a toujours été, une région avec le cœur à gauche et le cœur écolo.