À Nonant-le-Pin, la décharge se fait jeter

Ségolène Royal donne des raisons d’espérer aux opposants au centre de traitement de déchets automobiles de Nonant-le-Pin.

Patrick Piro  • 3 septembre 2015 abonné·es

C’est, en des termes inhabituels, une mise en garde à la limite du blâme scolaire qu’a délivrée Ségolène Royal à la société Guy Dauphin Environnement (GDE), exploitante de la décharge de Nonant-le-Pin, dans l’Orne. Le 26 août, la ministre de l’Écologie, en visite sur les lieux, lui a « vivement déconseillé » de relancer l’activité du site, prévu pour devenir le plus important centre de déchets automobiles d’Europe. « Trop de contradictions, de curiosités et de zones d’ombre dans ce dossier », a-t-elle justifié, validant les arguments des opposants, lesquels brandissent la menace d’une grave pollution de la nappe phréatique.

En octobre 2013, alors que GDE avait illégalement déversé des déchets deux jours durant, les opposants avaient installé une « zone à défendre » pour bloquer l’entrée du site [^2]. Cette ZAD avait été évacuée un an plus tard par les forces de l’ordre.

Entre-temps, la justice avait pourtant ordonné la fermeture définitive de la décharge (sur des questions de forme). Mais, en janvier dernier, GDE est parvenu, en appel, à faire sauter ce verrou [^3]. Les riverains opposants, au rang desquels de riches haras qui ont financé la longue bataille judiciaire, n’ont pas lâché prise, saisissant le tribunal administratif pour que Ségolène Royal use de ses prérogatives pour obtenir la fermeture du site. La ministre, qui a tardé à se saisir du dossier, a finalement été ébranlée par la teneur du dossier à charge, relevant des contradictions « étonnantes ». En termes plus directs, les défenseurs des associations parlent « d’études tronquées » de la part de GDE, voire de manipulation de documents. Dès lundi dernier, à la demande des services de l’environnement, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a engagé une expertise, en parallèle d’une enquête administrative. Des avis qui pourraient donner à Ségolène Royal les moyens juridiques de fermer la décharge. À moins que la décision ne soit prise, d’ici à la fin de l’année, par le tribunal administratif de Nantes, qui doit examiner en appel la plainte sur le fond déposée par les opposants. La ministre a indiqué que ses services y verseraient un mémoire allant dans leur sens.

Dans l’attente, GDE, dont le site remis en état est techniquement prêt à reprendre du service, persiste à réclamer 15 millions d’euros de préjudice à l’État pour n’avoir pas fait respecter son droit à l’exploitation de la décharge.

[^2]: Voir Politis n° 1335, du 8 janvier 2015.

[^3]: « Nonant-Le-Pin : La cour d’appel annule la fermeture de la décharge », Politis.fr

Écologie
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