À quoi sert l’ONU ?
À la veille de ses 70 ans, l’ONU peut, à certains égards, afficher un bilan honorable. Mais la guerre froide, puis le conflit israélo-palestinien et la guerre civile en Syrie illustrent la primauté des intérêts des puissants.
dans l’hebdo N° 1370 Acheter ce numéro
« Nous peuples des Nations unies résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre… ». Il suffit de relire ce préambule de la Charte de l’Organisation des Nations unies et de le confronter à la Syrie pour mesurer la déconvenue. L’histoire avait pourtant déjà enseigné la modestie aux fondateurs de l’ONU. La vieille Société des nations n’avait pas résisté à la crise de 1929 et à la montée du nazisme. Et que dire du pacte Briand-Kellog de 1928, qui voulait interdire la guerre ? En fait, le concret des institutions a, dès l’origine, ramené le monde à la réalité d’un rapport de force.
En chapeautant tout l’édifice par un Conseil de sécurité dominé par cinq membres permanents dotés du privilège de pouvoir exercer un droit de veto, les fondateurs ne faisaient que passer de la Seconde Guerre mondiale à la guerre froide et à la domination du Nord sur le Sud. En donnant le pouvoir aux vainqueurs, ils ne soldaient pas vraiment le passé. En leur offrant le droit de paralyser le système, ils hypothéquaient l’avenir.
Il n’est qu’à voir la longue liste des veto, américains, soviétiques, puis russes, pour comprendre que le romantisme n’a jamais été de ce monde. Le conflit israélo-palestinien et la guerre civile en Syrie illustrent plus que jamais la primauté des intérêts géopolitiques des puissants. Pourtant, à la veille de l’ouverture de son Assemblée générale, à New York, et alors qu’elle célèbre ses 70 ans, l’ONU peut, à certains égards, afficher un bilan honorable. Les Casques bleus mènent à bien seize missions à travers le monde. C’est en République du Congo et au Soudan que sont engagés les plus forts contingents. Mais il faut aussi évoquer ses multiples « programmes » pour l’enfance (Unicef), pour le développement (Pnud), contre la faim (PAM), en faveur des réfugiés (HCR). Enfin, l’ONU, c’est aussi une assemblée générale qui constitue une formidable caisse de résonance pour les pays du Sud et pour un débat planétaire sur le réchauffement climatique. Malgré un système à la fois antidémocratique et dépassé, l’ONU ne sert pas tout à fait à rien.
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